Le dépistage dès qu'il y a un doute - L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

Anna vient faire une prise de sang à Madame R. Celle-ci lui confie son inquiétude : il y a quelques mois, elle a eu une liaison extra conjugale et ne s'est pas protégée. Et si...

Conseillez-lui un dépistage. N'importe quel médecin pouvant prescrire cet examen, elle peut en faire la demande à son médecin traitant, son gynécologue ou même son dermatologue. Si la prise de sang montre que Madame R. est séronégative mais que ses rapports à risque datent de moins de 6 semaines, elle devra refaire le test dans quelques semaines pour avoir confirmation de sa sérologie.

Un dépistage plus précoce est conseillé aujourd'hui. En effet, les progrès thérapeutiques de ces dernières années peuvent faire espérer une morbidité et une espérance de vie équivalente à celle de la population générale, à condition que la prise en charge soit précoce. Encore un tiers des patients n'accède à une prise en charge qu'au stade tardif du sida, ce qui diminue leurs chances. L'intérêt d'un diagnostic précoce se situe aussi au niveau collectif. La probabilité de voir se modifier le comportement à risque est plus forte chez ceux qui se savent contaminés que chez ceux qui l'ignorent, et le risque de transmission est réduit chez ceux qui sont traités.

PRINCIPES GÉNÉRAUX

Le patient doit toujours être informé de la réalisation d'une sérologie VIH, et donner son accord avant sa réalisation, sauf circonstances d'urgence engageant le pronostic vital (troubles neurologiques, ventilation mécanique...). Le test est systématiquement proposé en prénuptial ou prénatal aux deux partenaires, et est recommandé chez les femmes en cas d'IVG. Il est obligatoire avant les dons de sang, d'organes et de tissus, dons de sperme, dons de lait.

L'ORGANISATION DU DÉPISTAGE

Pour faire un dépistage, on peut choisir entre diverses possibilités :

→ rencontrer un médecin dans une consultation de dépistage anonyme et gratuit ; il y en a au moins une dans chaque département. On trouve les adresses des CDAG (centres de dépistage anonyme et gratuit) en téléphonant à Sida Info Service au 0 800 840 800 ;

→ consulter le médecin traitant qui fera, si nécessaire, l'ordonnance permettant de faire pratiquer un test dans un laboratoire d'analyses médicales ;

→ se rendre dans un centre de planification ou d'éducation familiale (CPEF), dans une consultation de protection maternelle et infantile (PMI) ou dans un hôpital.

Quel que soit le lieu choisi et que le résultat du test soit négatif ou positif, il est important de s'entretenir avec un médecin. Celui-ci est tenu au secret professionnel.

LA DÉMARCHE DE DÉPISTAGE

Le dépistage peut être spontané :

→ quand la personne pense avoir été confrontée à une situation à risque ;

→ quand la personne et son partenaire vivent une situation stable et veulent abandonner l'utilisation du préservatif ;

→ quand on envisage une grossesse.

Le dépistage doit être abordé :

→ chez les homosexuels masculins, plus particulièrement les multipartenaires, ceux ayant des relations anonymes, des pratiques «hard» ;

→ chez les personnes ayant vécu dans des zones géographiques particulièrement touchées (Afrique subsaharienne, Asie du Sud notamment) et les personnes vivant dans un département français d'Amérique (Guadeloupe, Martinique, Guyane). Le sujet du VIH est souvent tabou et parfois délicat à aborder dans la population de migrants ;

→ chez les personnes qui ont des rapports hétérosexuels multiples ;

→ chez les usagers de drogues par voie intra-veineuse ;

→ chez les personnes ayant des antécédents ou des signes d'IST ;

→ devant des situations de vulnérabilité : dans un parcours de vie (rupture sentimentale, séparation, divorce, etc.), pratiques addictives (alcool drogues psycho-actives, psychotropes, etc.), antécédent d'incarcération, personnes jeunes.