Observance du traitement antirétroviral - L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

Anne vient chez monsieur M. pour une prise de sang. Elle le trouve prostré. Il a arrêté le traitement antirétroviral qu'il avait débuté un mois auparavant et ne veut plus voir personne. Anne conseille à son patient d'appeler son médecin référent et alerte le conjoint.

Le choix du traitement est toujours individualisé et doit impliquer la participation du malade dans la limite de ses possibilités. De toute évidence, ce patient craque. En l'orientant vers son médecin et en alertant ses proches, vous adoptez le bon comportement.

L'adhésion au traitement est un facteur essentiel du succès thérapeutique. Si l'adhésion est incomplète, avec poursuite de la réplication virale, le risque est l'apparition de mutations de résistance limitant les options thérapeutiques ultérieures.

LES CONSULTATIONS THÉRAPEUTIQUES

Pour aider les patients, il est recommandé de leur proposer de participer aux consultations d'éducation thérapeutique.

Les patients y apprennent des notions virologiques élémentaires sur le VIH, des notions sur les différentes classes thérapeutiques et leurs cibles, et découvrent comment gérer leur traitement.

Ces consultations sont particulièrement indiquées dans les premiers mois du traitement.

Il s'agit d'entretiens personnalisés fondés sur l'écoute et l'acceptation de la diversité des styles de vie. Ils comportent un volet informatif et un volet davantage fondé sur la gestion des émotions et du ressenti.

LES ASSOCIATIONS DE PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH

Certains patients ont acquis une véritable expertise pour aider d'autres patients à mieux vivre avec leurs traitements. Ils participent à des groupes de parole pour un soutien thérapeutique, un conseil administratif, ou à des activités conviviales.

LES FACTEURS FAVORISANTS

Une mauvaise observance peut être favorisée par : une forte consommation d'alcool, une mauvaise perception de l'efficacité des traitements, la perception des effets indésirables (élevée en début de traitement et après 20 mois de traitement s'ils déclarent une altération d'image due aux lipodystrophies), le fait de ne pas parler de son traitement avec un médecin extra-hospitalier, la dépression, l'absence de soutien de son partenaire principal, la précarité, fréquente chez les patients porteurs du VIH.

LES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

De nombreuses interactions médicamenteuses peuvent survenir avec les médicaments antirétroviraux. Ces interactions peuvent se traduire par la diminution ou l'augmentation d'une activité thérapeutique, ou par des effets indésirables.

Afin d'éviter de prendre un médicament non compatible avec les antirétroviraux, Actions traitements, une association regroupant des personnes vivant avec le VIH, a édité une réglette d'interaction médicamenteuse où figure une liste de médicaments. Pour voir si un médicament est déconseillé, il suffit de déplacer un curseur.

Cette réglette est consultable gratuitement sur le site Internet de l'association Actions traitements ().

Une méthode interactive en prévention

Le Crips propose aux lycéens de la seconde à la terminale, tout comme aux apprentis en CFA (centre de formation d'apprentis), des animations, de deux heures par classe, sur deux thèmes, la vie affective et sociale, et la prévention des consommations de drogues. « Nous intervenons soit sous forme de groupes d'échanges, soit sous forme de scénettes jouées par le théâtre Forum, que les élèves peuvent mettre en scène à leur tour », explique Hélène Meillet, animatrice au Crips. Une méthode interactive qui leur donne la parole et n'impose pas de message. « Nous pouvons ainsi nous adapter à leurs réflexions, leurs besoins et leurs attentes », conclut Hélène Meillet.

Le point de vue de...

« Proposer un suivi personnalisé »

Chantal Belloc, Directrice du service de communication de Sida Info Service (0800 840 800).

« Les jeunes porteurs du VIH peuvent se tourner vers notre permanence téléphonique, assurés d'y être reçus par un personnel compétent, formé pour répondre aux questions sur l'infection VIH et son traitement. Dans certaines régions où le suivi des patients semble moins organisé, nous proposons un suivi personnalisé, à la demande, par un médecin (problèmes médicaux), des avocats (problèmes juridiques ou de discrimination). Sur notre site internet (), ils trouveront des informations sur les traitements, les questions juridiques mais peuvent aussi communiquer par le biais du chat et du forum. »

Le point de vue de...

« Orienter vers l'assistante sociale hospitalière »

Christelle Akourtam, association Aides ()

« Aides intervient là où le service social ne peut intervenir, par exemple auprès des personnes dans l'irrégularité qui ont besoin d'un accompagnant pour les diriger dans les services compétents de préfecture. Nous leur conseillons souvent, en priorité, de profiter de leur hospitalisation pour s'adresser à l'assistante sociale hospitalière. »

Quand les seringues sont laissées chez les patients...

Une intervenante de l'association Aides nous fait part de son étonnement : certaines infirmières laisseraient les seringues utilisées au domicile de leurs patients VIH.

Les déchets d'activités de soins (DAS) sont pourtant définis par l'article R. 1335-1 du Code de la Santé publique. Ils regroupent les déchets à risques infectieux (DASRI), déchets qui présentent un risque réel car ils contiennent des microorganismes viables ou leurs toxines, dont on sait ou on estime qu'en raison de leur nature, de leur quantité ou de leur métabolisme, ils causent des maladies chez l'homme ou chez d'autres organismes vivants.

Toute personne qui produit des déchets d'activité de soins est donc tenue de les éliminer (article R. 1335-2), que le patient soit atteint du VIH ou non.

Accidents et défaillances dans les pratiques de prévention

Il peut survenir des accidents et des défaillances dans les pratiques habituelles de prévention du sida :

relation sexuelle sans avoir pu utiliser le préservatif ;

rupture de préservatif ;

partage de matériel d'injection lors de l'usage de drogues ;

piqûre ou coupure accidentelle avec un objet souillé de sang contaminé.

Il faut se rendre rapidement et sans dépasser un délai de 48 heures dans une consultation de maladies infectieuses à l'hôpital, dans une consultation de dépistage anonyme et gratuit, ou aux heures non ouvrables, aux services d'accueil des urgences. Un traitement préventif d'un mois pourra être prescrit.

Le point de vue de...

« Dépister en toute confidentialité »

Dr Lebeau, médecin au Centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG)de Rambouillet (78)

« Seulement 8 % des tests sont pratiqués en CDAG. En revanche, le taux de positivité y est plus important qu'ailleurs. De par leur caractère anonyme, ces structures se prêtent plus à la «confidentialité» et au «counceling». Nous devons aller au-delà des modes de vie et des pratiques difficiles à exprimer, rechercher les facteurs de risque et informer. La recrudescence des IST nous impose un double rôle. La création des Ciddist (centre d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles) permettra, je l'espère, une pratique plus complète et performante. »

Accès aux soins et droits

Prise en charge à 100 % : l'ALD

L'infection par le VIH fait partie des affections de longue durée (ALD) : les personnes atteintes peuvent bénéficier d'un remboursement à 100 % des frais médicaux liés au traitement de la maladie. Une couverture complémentaire est indispensable pour couvrir les restes à charge.

La Couverture maladie universelle CMU

Elle permet aux personnes sans activité professionnelle de bénéficier d'une couverture sociale de base.

La CMU complémentaire ou CMU-C

La CMU-C permet de bénéficier d'une couverture de maladie complète pour ses dépenses de santé, sans faire l'avance de frais. Pour en bénéficier, une personne seule doit avoir des revenus inférieurs à 606 euros par mois.

L'Aide médicale d'État (AME)

L'AME offre aux étrangers malades en situation irrégulière les mêmes droits que la CMU et la CMUC. Elle est octroyée sous les mêmes conditions de ressources. Pour en bénéficier, il faut un titre de séjour ou, a minima, une convocation ou un rendez-vous à la préfecture. Les étrangers récemment arrivés en France ne sont couverts que dans des conditions d'urgence vitale. Pour les rendez-vous en préfecture, un accompagnant est nécessaire (s'adresser à l'association Aides).

AAH et PCH

Plus du tiers des personnes vivant avec le VIH ont une invalidité reconnue ouvrant le droit à des prestations. L'AAH (allocation aux adultes handicapés) est une prestation de solidarité s'élevant à 628,10 euros par mois. La PCH (prestation de compensation du handicap) est la contrepartie de cotisations sociales versées par l'assuré social lorsqu'il exerçait une activité professionnelle : son montant est donc variable.

Logement

Les personnes vivant avec le VIH ont droit au logement opposable. Le processus est complexe et nécessite le soutien des demandeurs par des professionnels ou des associations.

Pour en savoir plus, s'adresser à : l'assistante sociale de l'hôpital ou du secteur, Santé info droits (0 810 004 333), Sida Info Service (0 800 840 800), Aides.