L'Infirmière Libérale Magazine n° 245 du 01/02/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

Monsieur R., 66 ans, adore les légumes, mais depuis son iléostomie le mois dernier, il vous dit qu'il n'en mange plus pour ne pas abîmer le peu d'intestin qui lui reste.

Rassurez-le : il peut manger de tout sans craindre quoi que ce soit. Il peut réintroduire petit à petit un légume ou un fruit par jour afin de voir comment son corps réagit. Vous lui conseillez de prendre rendez-vous avec la diététicienne de l'établissement qui l'a opéré afin de recevoir les conseils diététiques appropriés.

UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE

Des notions de base

→ Manger normalement et prendre du plaisir à manger seul ou avec les autres reste la règle. L'alimentation du stomisé ne doit pas être une phobie.

→ Chaque stomisé réagit différemment à la prise alimentaire. Aucune règle générale ne s'applique à tous. Chacun doit trouver les aliments qui lui conviennent ou non selon les jours.

→ Le confort du stomisé est la seule chose en jeu. C'est uniquement pour améliorer son bien-être, et parfois celui des autres, qu'il prend ou non telle mesure. Exemple : ne manger que des pâtes et bannir les fibres en raison d'activités sociales pour limiter la production de selles, prendre 8 gélules de lopéramide (Imodium®) par jour pour limiter les effluents d'une iléostomie...

Composition des repas

En post-opératoire

L'alimentation est pauvre en résidus sur 1 à 2 semaines. La reprise du transit se fait en règle générale au bout de 8 jours chez le colostomisé et 15 jours chez l'iléostomisé.

Un régime d'épargne à base de fibres est prescrit durant une quinzaine de jours. On réintroduit peu à peu les aliments à fibres.

Ensuite

→ L'alimentation du stomisé doit être équilibrée et son apport hydrique suffisant (1,5 à 2 litres par jour). Veiller à ce que certains stomisés ne déséquilibrent pas trop leurs apports alimentaires.

→ Chez l'iléostomisé, privilégier les aliments salés pour palier l'absence d'absorption colique et éviter la déshydratation (par exemple St-Yorre...). La réintroduction des aliments se fait progressivement, un aliment par jour.

Pour le lactose : d'abord les préparations lactées (béchamel, purée), puis les yaourts et les fromages blancs, et enfin le lait en petites quantités.

Pour les fibres : d'abord les fruits cuits épluchés en compote puis en morceaux, puis les bananes, les légumes épluchés cuits tendres (carottes, betterave, courgettes et aubergines épépinées, fond d'artichaut), puis les haricots verts, la salade cuite, les endives cuites, les navets.

Enfin, les crudités épluchées. Essayer toujours un aliment deux fois avant d'y renoncer.

EN CAS DE DIARRHÉE

→ Il y a diarrhée en cas de selles liquides chez un colostomisé et d'une augmentation du volume chez l'iléostomisé.

→ En cas de diarrhée : boire davantage (plus de 2 litres) et adapter une alimentation pauvre en fibres. Supprimer produits laitiers et légumes, sauf les carottes cuites. Tout rentre dans l'ordre dans les 24 à 48 heures heures. Si des symptômes apparaissent (fièvre, altération de l'état général), contacter le médecin.

→ Un patient stomisé peut également avoir une gastroentérite, comme tout le monde. Interrompre l'irrigation colique jusqu'au retour de selles normales.

→ Le renouvellement des poches sera plus fréquent et une attention particulière à la peau péristomiale sera portée. La prescription de ralentisseur de transit (lopéramide) est une alternative.

EN CAS DE CONSTIPATION

Chez le colostomisé

Un patient colostomisé «récupère» un transit similaire à celui antérieur à l'intervention. La notion de constipation dépend de la personne, de son alimentation et de son état émotionnel. Les obstructions sont rares. À faire : augmenter la ration hydrique, celle de fruits et de légumes. Manger des pruneaux, du pain complet. Astuce : manger une glace (accélère la progression du contenu intestinal), suivie d'un café (accroît la motricité colique).

→ S'inquiéter en cas de symptômes (douleur de type colique, absence de selle durant une semaine...) et alerter le médecin.

Chez l'iléostomisé

L'absence de selles est le plus souvent une urgence. Contacter le médecin ou l'hôpital.

Question de patient

Que faire si ma poche se gonfle beaucoup ?

La production de gaz est variable d'un individu à l'autre (entre 200 ml et 2 litres de H2S, de méthane... par jour) et selon l'alimentation. Restreindre les aliments gazogènes (cf. tableau page ci-contre). En cas de système 2P, aller aux toilettes et ouvrir la poche pour faire sortir les gaz. En cas de mauvaises odeurs, craquer une allumette !