L'Infirmière Libérale Magazine n° 245 du 01/02/2009

 

SOINS PSYCHIATRIQUES

L'exercice au quotidien

Christophe a ouvert depuis peu un cabinet en région Midi-Pyrenées.Il nous a contactés pour réagir au dossier Psychiatrie : une place à prendre paru le mois dernier (ILM n°244).

«J'exerce en libéral depuis cet été. Pour des raisons matérielles, j'ai dû me contenter d'une activité plus «classique» au début de mon installation. Mais j'aimerais, à terme, me consacrer uniquement à une activité «psy». Le dossier psychiatrie paru le mois dernier dans ILM m'amène à vous faire partager ma propre expérience.

Je n'ai jamais rencontré les refus ou les difficultés de prise en charge des soins dont parlent les membres du cabinet Saint-Alban de Toulouse. À partir du moment où j'ai commencé à prendre en charge des patients psychologiquement perturbés, la CPAM de ma région a toujours remboursé. En épluchant la nomenclature infirmière, je m'étais dit que, de toute façon, dans les textes, rien n'empêche un libéral d'assurer une démarche de soin globale du patient avec aide thérapeutique.

Mon travail d'infirmier va donc au-delà de l'entretien ou de la prise de médicaments. Mon truc : je me sers de la cotation en «trois point 1» quand je veux proposer une aide personnalisée, rencontrer un tuteur, prendre un rendez-vous avec une assistance sociale ou des partenaires sociaux. Pour moi, ce n'est pas du social, mais du soin.

La première patiente de ce type, je l'ai récupérée dans mon cabinet parce qu'elle faisait fuir tous les libéraux... Le tableau était rude : elle vivait dans un vrai taudis, couverte de poux, toxico, touchée par une forte sclérose en plaques et pensant à s'alimenter une fois de temps en temps. Il s'agissait d'un soin dans sa globalité puisque j'ai dû d'abord faire sa toilette et du nursing. Ensemble, on a ensuite rencontré une assistante sociale, un tuteur. Elle a arrêté la drogue, a commencé à prendre son traitement régulièrement et, aujourd'hui, elle est même redevenue coquette !

Je trouve important d'aller plus loin encore dans notre métier en veillant à accompagner l'intégration des patients «psys» dans la société. C'est parfaitement possible. Je touche, comme au cabinet Saint-Alban, 43 euros maximum par patient et par jour. Mais je ne détaille pas mes actes pour le remboursement, j'ai opté pour le «3 point 1». C'est passé au forcing, pas de problème !

Aujourd'hui, j'aimerais recruter dans mon cabinet, mais les collaborateurs qualifiés ne sont pas si faciles à trouver... J'aimerais vraiment faire avancer le boulot : on évite les hospitalisations et on ne coûte pas cher. Et niveau qualité, c'est différent de l'infirmier en CMP qui n'intervient que deux ou trois fois par semaine.

Je me suis échappé de l'hôpital psychiatrique car nous devions travailler sans moyens... et parfois entourés de collègues sans motivation. C'était impensable d'imaginer exercer de cette manière jusqu'à la retraite ! »

Attention : les différents services de l'Assurance maladie (CPAM, Urcam) contactés par ILM dans le cadre de cette rubrique n'ont pas souhaité confirmer l'absence de cotation spécifique à la NGAP en matière de prise en charge psychiatrique ni émettre un quelconque jugement sur l'utilisation du programme d'aide personnalisée coté AIS 3.1, appelé «trois point un» par cet infirmier.

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L'infirmière Libérale Magazine, rubrique «L'exercice au quotidien» 1, rue Eugène et Armand-Peugeot 92856 Rueil-Malmaison cedex