L'examen par vidéocapsule - L'Infirmière Libérale Magazine n° 247 du 01/04/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 247 du 01/04/2009

 

Imagerie

Cahier de formation

Le point sur

La vidéocapsule endoscopique constitue un progrès technologique majeur pour l'exploration diagnostique de l'intestin grêle. Elle fait aujourd'hui l'objet d'un consensus international quant à ses indications mais certains détails restent à harmoniser au sujet des modalités de réalisation de l'examen.

Présentation

Utilisé depuis les années 2000, la vidéocapsule endoscopique (VCE) est un nouvel outil d'exploration performant de tout l'intestin grêle. Elle n'entre pas en concurrence avec la fibroscopie ou la coloscopie mais précède et oriente l'entéroscopie double ballon car elle permet de dépister d'éventuelles lésions qui pourront ensuite être traitées ou faire l'objet de biopsies par entéroscopie. Cet examen est utilisé chez l'adulte mais peut aussi être prescrit chez l'enfant à partir de dix ans, dès lors qu'il peut avaler un gros comprimé.

Principe

La vidéocapsule est un endoscope miniature dont les éléments sont contenus dans une gélule de 11 mm de diamètre et 26 mm de longueur. Elle peut être avalée sans difficulté. Elle est dotée d'un système optique, d'une puce électronique pour enregistrer les images, d'une source de lumière et d'un système de transmission des images (faisceau d'antennes positionné sur la paroi abdominale du patient) vers un boîtier d'enregistrement positionné sur la paroi abdominale du patient. La vidéocapsule est capable de transmettre 2 images par seconde, soit une moyenne de 50 000 à 60 000 images par examen. Elle est éliminée par les voies naturelles en 24 à 48 heures.

Indications actuelles

Pour l'heure, le seul champ d'application de la VCE est l'intestin grêle. Cet organe mesure quatre mètres et les techniques classiques d'endoscopie ne permettent pas son examen complet. Actuellement, les indications retenues sont :

→ les saignements digestifs d'origine inexpliquée par les examens courants (fibroscopie, coloscopie) : la capsule peut détecter des petites anomalies des vaisseaux (ou angiomes), des tumeurs ou des ulcères, par exemple. Dans les hémorragies digestives et les anémies ferriprives inexpliquées, le rendement de l'examen par vidéocapsule est de l'ordre de 65 à 75 %. Il met en évidence des lésions non visualisées par l'entéroscopie poussée dans 40 à 60 % des cas ;

→ la maladie de Crohn lorsque les examens classiques avec biopsie n'ont pas permis d'affirmer son diagnostic malgré une symptomatologie évocatrice. Dans ce cas, la vidéocapsule peut révéler des lésions de la muqueuse qui sont indétectables par d'autres méthodes. Différentes études ont montré que l'exploration par vidéocapsule permet de diagnostiquer la maladie de Crohn dans 70 % des cas contre 30 % avec les méthodes d'exploration radiologiques classiques de l'intestin grêle.

Perspectives d'utilisation future

Dans d'autres domaines (bilan de certaines polyposes familiales qui présentent un risque de cancérisation ou d'occlusion intestinale), l'examen par vidéocapsule pourrait présenter un intérêt diagnostique qui n'est pas encore validé par rapport aux autres méthodes d'investigation classiques (entéro-IRM ou entéroscanner). De même, dans les maladies coeliaques qui ne répondent pas bien au régime sans gluten, la vidéocapsule pourrait permettre de rechercher des arguments en faveur d'un lymphome, principale complication de cette maladie. Elle pourrait également être utilisée dans l'évaluation de la toxicité de certains médicaments (anti-inflammatoires non stéroïdiens - AINS - notamment) sur le grêle. Enfin, en pédiatrie, elle pourrait être envisagée pour pousser les investigations en cas de douleurs chroniques inexpliquées, mais son utilité reste à démontrer.

Déroulement de l'examen

Préparation

Il n'existe aucun consensus. Il convient d'avoir un grêle relativement propre, notamment au niveau du grêle terminal. À cet effet, les patients associent au jeûne une préparation à base de 2 litres de Colopeg® (solution à base de polyéthylène glycol) la veille de l'examen, mais certaines équipes préconisent 2 litres la veille et 2 litres le matin. D'autres encore prescrivent une préparation par Colopeg® associé à du fleet phospho-soda* absorbé en même temps que la capsule. Les sécrétions digestives et les aliments résiduels dans l'intestin grêle sont ainsi nettoyés.

Conduite à tenir durant l'enregistrement

Une fois la capsule ingérée, le patient ne doit pas rester au lit. Il doit bouger pour accélérer le temps de transit intestinal et majorer les chances d'avoir un examen complet de l'intestin grêle. Il peut boire un peu d'eau au bout de 2 heures et s'alimenter 4 heures après l'ingestion de la capsule. Le repas est limité à des nourritures liquides et semi-liquides (bouillon, yaourt, compote). Le contrôle en temps réel de la position de la capsule permet de donner le repas dès que l'on a l'assurance que la capsule a quitté l'estomac. Celle-ci progresse ensuite au rythme du péristaltisme intestinal. Aucune intervention extérieure n'est nécessaire. En général, l'examen est réalisé en hôpital de jour mais si les conditions le permettent (proximité du domicile), le patient peut rentrer chez lui et revenir à l'issue de l'examen.

Lecture des données

L'enregistrement commence dès que la capsule est absorbée. Il dure 8 heures. Après ce délai, les capteurs et l'enregistreur sont enlevés. Ce dernier est connecté à un ordinateur qui va traiter les images et permettre leur interprétation par le médecin. Cette lecture est réalisée en 45 minutes environ par un médecin entraîné.

*Cette spécialité à base de phosphates sodiques est utilisée dans les préparations coliques et présente l'avantage de donner une plus petite quantité de produit à avaler qu'avec le Colopeg® mais avec plus d'effets secondaires et en particulier plus de risques de surcharge, surtout chez les insuffisants cardiaques.

Rappel anatomique

Estomac : lieu de digestion des aliments.

Grêle : (duodénum, jéjunum, iléon) = lieu de réabsorption des aliments digérés.

Côlon : gros intestin (ascendant, transverse, descendant) = lieu de réabsorption de l'eau.

Rectum : réservoir.

Anus : contrôle évacuation (continence).

Source : , site interactif d'échange et d'information sur la stomathérapie, créé par un groupe de travail de 50 infirmières stomathérapeutes avec le soutien des Laboratoires Coloplast.

Points forts et points faibles de l'examen par vidéocapsule

Points forts

→ Examen non invasif, et non douloureux : pas d'anesthésie.

→ Matériel à usage unique : aucun risque infectieux.

→ Examen sans irradiation, contrairement à l'entéroscanner qui expose aux rayons X.

→ Très peu de contre-indications formelles : grossesse, symptômes d'une obstruction possible de l'intestin (le port d'un pace-maker n'est plus une contre-indication).

Points faibles 

→ Examen limité à l'intestin grêle : le passage dans l'oesophage est trop rapide pour recueillir des informations fiables. La taille de l'estomac ne permet de recueillir que des informations partielles. La capacité de la vidéocapsule (2 images par seconde) est insuffisante pour l'exploration du côlon.

→ La capsule sert uniquement au diagnostic : pas de biopsie possible, pas de traitement simultané.

→ Lecture longue (45 minutes).

→ Risque très faible mais possible de rétention de la capsule en amont d'un obstacle.

→ Pendant l'examen, le patient ne peut subir aucun examen par résonance magnétique ni se trouver près de champs magnétiques intenses.