Les premières semaines après l'infarctus - L'Infirmière Libérale Magazine n° 247 du 01/04/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 247 du 01/04/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

Monsieur B. a 70 ans. Il a fait un infarctus du myocarde 10 jours auparavant. Il est très fatigué et inquiet. Il est un «cardiaque», « il ne pourra plus vivre comme avant », il ne dort pas bien, « peut-être va-t-il refaire un infarctus ? Quels en seront les signes ? ». Sa femme lui reproche de ne pas avoir fait une réadaptation dans un centre spécialisé et d'être sorti trop tôt de l'hôpital. Elle semble paniquée. Que faire ?

Ce patient a besoin d'être soutenu et averti. Il faut l'informer sur sa maladie, les signes qui doivent faire appeler le 15, le rôle positif de son traitement, et lui conseiller de consulter son médecin. L'accompagnement de l'infirmière et du médecin vont lui permettre de passer chez lui, dans son environnement, cette étape de l'après infarctus en devenant progressivement acteur de sa prise en charge.

L'accident coronarien brutal et l'hospitalisation sont toujours un choc et ils peuvent être facteurs de dépression. Même si l'infarctus est minime et qu'il n'a laissé aucune séquelle cardiaque significative, son retentissement psychologique peut être important.

UN POSSIBLE ÉTAT DÉPRESSIF

L'infarctus est une pathologie grave engageant le pronostic vital, et la fréquence d'une dépression réactionnelle après un infarctus atteint 20 à 40 % des cas selon les études. Les relations entre un état dépressif à la convalescence et le pronostic de l'infarctus du myocarde sont un thème d'actualité. Il a par ailleurs été démontré qu'une dépression initiale non traitée est un facteur de récidive d'événements coronariens et de surmortalité.

REPRISE RAPIDE DES ACTIVITÉS

En dehors des cas où elles sont médicalement contre-indiquées, les reprises rapides des activités physiques et professionnelles sont indiquées pour prévenir et combattre cet état dépressif. De plus, la reprise du travail est d'autant plus difficile que l'arrêt a été prolongé.

RÉADAPTATION

Une réadaptation en centre hospitalier ou en ambulatoire est toujours proposée. Elle n'est pas systématique. « Privilégier une approche individuelle plus intime, plus discrète ou une approche collective dans un centre de réadaptation est affaire de cas particulier et de décision médicale individuelle », indique le Pr Simon Weber.

DIALOGUE NÉCESSAIRE

Beaucoup de personnes n'ont qu'une notion très vague de la circulation coronaire et perçoivent le terme d'infarctus comme une maladie obligatoirement grave, synonyme de handicap physique à court et moyen terme. Si certains infarctus entraînent effectivement de lourdes séquelles, aujourd'hui beaucoup d'entre eux ne provoquent que des lésions légères, soit parce que l'artère occluse était de petit calibre, soit parce qu'une désobstruction précoce a permis de limiter l'étendue de la nécrose. D'autre part, beaucoup de séquelles peuvent être réduites et améliorées par le traitement.

Il est donc important de donner des précisions simples sur la cause de cet accident, sur la façon dont agissent les médicaments ayant pour but d'améliorer son état et de prévenir les rechutes, sur la conduite à tenir en cas de récidive. Ce type d'explication permet souvent de dédramatiser une situation génératrice d'anxiété, ou de convaincre un patient dubitatif.

AUTRES SITUATIONS DE STRESS

Il a été démontré que les contraintes psychosociales, financières, les événements majeurs de la vie professionnelle pouvaient être considérés comme un facteur de risque d'infarctus.

Si les aménagements des conditions de travail sont quelquefois possibles avec l'aide des médecins du travail, il est difficile d'intervenir dans les relations familiales et conjugales. Les exercices de relaxation, l'incitation à la patience et au calme, la prescription des bêtabloquants sont utiles. Il importe que le patient apprenne à gérer les situations de stress. On peut lui conseiller le training autogène, la relaxation musculaire, la sophrologie. Un soutien psychologique adapté à sa personnalité, à sa vie professionnelle et à ses activités peut être proposé.