LE CONTRAT DE REMPLACEMENT - L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009

 

Votre cabinet

Fiche pratique

Protecteur et rassurant ? Très peu l'utilisent, oubliant qu'il est obligatoire. L'ordre infirmier pourrait bien vous inciter à y recourir, à grand renfort de sanctions... Attention !

Mauvaises surprises!

La rubrique «Votre cabinet» de ce mois-ci témoigne de multiples situations inconfortables rencontrées par les libérales, qu'elles soient remplaçantes ou remplacées. À ce petit jeu sans règles définies au préalable et écrites, on peut gagner... ou perdre. Pour prévenir toute mauvaise surprise, un contrat s'impose. Quelle garantie avez-vous que votre remplaçante effectuera bien votre tournée au premier jour de vos congés ? À quelle obligation de «continuité des soins» votre remplaçante virtuelle est-elle soumise si elle ne commence jamais son remplacement ?

Des sanctions possibles

Une infirmière remplacée ou remplaçante n'ayant pas signé un contrat de remplacement peut être poursuivie par la CPAM, passer devant la commission paritaire départementale et risquer une interdiction d'exercer sous convention. C'est bien la remplacée qui a le devoir d'informer sa remplaçante sur les dispositions de la convention nationale des infirmières, donc notamment sur l'obligation de rédiger un contrat de remplacement. La nouveauté est la création de l'ordre infirmier, chargé de faire respecter les textes qui régissent la profession. Ses pouvoirs disciplinaires pourraient l'amener à prononcer une interdiction d'exercer la profession pour non-respect des règles déontologiques.

Ne pas pérenniser ce qui doit rester temporaire

Le Code de la Santé publique (dans son article R.4312-43) et la convention nationale des infirmières (dans son article 5.2.3) pointent deux critères pour l'établissement obligatoire d'un tel contrat : le remplacement dure plus de 24 heures ou il est inférieur à ce délai mais est répété. Si une durée minimale est précisée, ce n'est pas le cas pour sa durée maximale. Mais attention : le contrat de remplacement est par nature occasionnel et limité dans le temps. L'enjeu est important. De longs remplacements (un an par exemple) ou des remplacements réguliers, intervenant à période fixe (chaque mois par exemple), peuvent permettre à la remplaçante de saisir le tribunal de grande instance pour que soit requalifiée la situation en association de fait. Elle peut en effet faire valoir que, depuis des mois, voire des années, elle participe au maintien ou au développement de la clientèle. Elle demande alors un dédommagement.

Les éléments à indiquer

Les Ddass peuvent proposer des modèles de contrat. De son côté, l'ordre infirmier pourrait à l'avenir en proposer un, à l'instar de l'ordre des médecins. Doivent être indiqués dans le contrat : les noms des parties, date de début et de fin de remplacement, l'adresse du cabinet, les renseignements concernant l'autorisation de remplacement que la remplacée doit vérifier auprès de sa consoeur (date et lieu de délivrance, numéro d'inscription à l'ordre...), le numéro d'assurance professionnelle, la nécessité de remplir ses obligations déclaratives sociales, le principe de la rétrocession et ses modalités (surtout date de leur versement), le montant de sa participation aux frais du cabinet, la clause de non-concurrence.

Une opportunité de dialogue

Enfin, rappelons que la discussion engagée autour du contenu du contrat crée de fait un moment privilégié pour mettre sur la table ce que chacune des parties considère comme important pour que le remplacement se déroule dans les meilleures conditions. Illustration : la définition de la participation aux frais du cabinet déduite des honoraires rétrocédés peut être l'occasion pour la remplaçante de demander l'état des comptes de gestion pour vérifier le niveau des charges réelles...

Avis de l'expert

Véronique Sokoloff, juriste spécialisée en droit de la santé et co-responsable d'Adequams*

Les versements d'honoraires

La remplaçante utilise les feuilles de soins de la remplacée et encaisse le paiement des actes pour le compte de la remplacée. Dès lors, il est vivement conseillé de prévoir dans le contrat la date à laquelle les honoraires seront reversés à la remplaçante : à l'issue du contrat (la remplacée calcule alors la somme due au vu des actes effectués et fait l'avance du paiement), ou au moment où la remplacée aura elle-même été payée par les caisses d'assurance maladie. Un délai de paiement peut être prévu dans le contrat, par exemple 15 jours à compter de la fin du contrat de remplacement. Les principaux conflits naissent de paiements parfois tardifs. L'insertion d'une telle mention a le mérite de clarifier la situation dès l'engagement réciproque des deux parties.

*Adequams est un organisme de formation pour les professionnels de la santé. Informations sur .