Les bas de compression - L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009

 

Dispositif médical

Cahier de formation

Le point sur

L'enfilage ainsi que la prise de mesure sont les points clés d'un bon usage des bas de compression.

Les produits de compression

Les bas de compression regroupent en fait les bas jarrets, c'est-à-dire les chaussettes, les bas cuisses et les collants (qui sont des bas avec une culotte appelée «supplément pour collant» à la LPP). Ils sont constitués de fibres élastiques, élasthanne (Lycra®) ou latex, mélangées à d'autres fibres (microfibres, coton ou polyamide, mélange de polyamide + microfibres, bambou, soie...).

Les effets

La compression a un effet mécanique immédiat grâce à la contre-pression qu'elle exerce de bas en haut. Elle permet une diminution de la dilatation veineuse en réduisant le reflux et la stase veineuse et entraîne une augmentation de la vitesse circulatoire et de la pression tissulaire. La force de la compression est adaptée à la pathologie et à l'activité du malade.

Comme la pression exercée est d'autant plus forte que le diamètre est petit (cheville) et d'autant plus faible que le rayon est grand, on doit réaliser une compression au niveau de la jambe : plus on monte le long de la jambe, moins la compression est importante.

Les classes

On distingue quatre classes de compression correspondant aux différents stades de la maladie veineuse. Ces classes sont déterminées par la pression exercée à la cheville par le bas ou le collant, exprimée en millimètre de mercure (mm Hg). Mais l'unité internationale est le hPa (hecto Pascal). Il faut noter que c'est toujours au niveau de la cheville et du mollet que la contention est maximale (et donc efficace).

Classe I : 10 à 15 mm Hg. Indiquée pour une insuffisance veineuse légère (jambes lourdes, varices débutantes...).

Classe II : 15 à 20 mm Hg. Pour une insuffisance veineuse chronique modérée (oedème du soir, après traitement des varices, varices de la femme enceinte...).

Classes III et IV : 20-36 mm Hg et supérieur à 36. Sont indiquées pour l'insuffisance veineuse sévère chronique (thrombose veineuse profonde...).

Les bas et collants antithromboemboliques (ATE) procurent une compression dégressive légère (entre 10 et 18 mm Hg), comparative à celle d'une classe I ou II. Destinés aux personnes alitées risquant des accidents thromboemboliques après une intervention chirurgicale, ces bas sont toujours blancs avec le pied ouvert et munis d'un liseré de couleur indiquant la taille. Certains d'entre eux ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.

L'enfilage

Les conseils

→ À enfiler le matin au réveil avant le lever ou juste après la toilette après avoir recouché le patient deux minutes.

→ Talquer la jambe ou le pied pour faciliter le glissement.

→ Retourner le bas ou collant à l'envers jusqu'au talon avant de l'enfiler en le déroulant le long de la jambe sans trop le tendre.

→ Il existe des aides à l'enfilage (enfile-bas, glisse-pied...).

→ Mettre des gants peut faciliter la pose.

À proscrire

→ L'enfilage sur une plaie ou sur la peau humide (il est nécessaire de recouvrir au préalable toute lésion avec un pansement).

→ L'utilisation de corps gras (risque d'altérer les fibres élastiques).

→ Le port de bagues ou des ongles mal coupés (risque de dommage).

→ Les faux plis, notamment au niveau du cou-de-pied.

Les astuces

→ On peut remplacer une classe II en superposant deux classes I, et une classe III par les classes I + II.

→ Si l'esthétique de la compression déplaît, passer au-dessus des bas de ville.

→ Pour éviter la desquamation cutanée chez les personnes âgées, utiliser une crème hydratante le soir.

À surveiller

→ S'assurer de l'absence de zones de striction douloureuse, notamment au niveau de la crête tibiale et des malléoles lors d'une compression forte. Contacter le prescripteur afin d'envisager un renforcement des zones creuses par des coussinets.

→ La striction du creux poplité : elle est souvent due à une longueur insuffisante du bas-jarret. Changer alors la longueur pour aller jusqu'aux condyles fémoraux.

→ En cas de douleur à l'aine souvent liée à la formation d'un pli, vérifier la hauteur correcte de l'entrejambe.

→ Une compression adaptée n'est jamais douloureuse. Sinon, vérifier la pose. En cas de douleur des orteils, améliorer le chaussage (chaussures plus larges, semelles...) ou opter pour des orthèses à «pied ouvert» pour les classes III et IV.

→ Un prurit retardé peut apparaître après avoir ôté les bas, notamment chez les personnes très poilues. Faire un léger massage avec une crème rafraîchissante ou rincer les membres à l'eau froide.

La prescription infirmière

Possible « dans le cadre d'un renouvellement à l'identique ».

Si le médecin a précédemment prescrit sous nom de marque (Venactif, Venoflex...), se conformer à cette prescription. Si la prescription est générique « une paire de bas de contention classe II », la seule obligation est de respecter le degré de contention.

La prise en charge dépend des spécifications techniques du produit, de la classe de pression de contention et du produit. Pas de prix limite de vente (possible supplément à payer).

Ordonnance type : « 1 paire de chaussette marque X, classe Y, taille Z. » Préciser la marque si nécessaire, la classe et la taille (médium long, médium normal). Mais mieux vaut reprendre les mesures (le patient a pu grossir, avoir un oedème) ou noter sur l'ordonnance « reprendre les mesures ».