Trop manger fait vieillir - L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

OKINAWA > Le Dr Suzuki, qui étudie depuis trente ans les centenaires d'un archipel du sud du Japon, a été invité pour expliquer « pourquoi le modèle Okinawa a remplacé le modèle crétois ».

Révisez vos classiques : le régime crétois est dépassé ! Okinawa est un archipel de 44 îles habitées au sud du Japon. Et c'est dans cette région que les chercheurs comptabilisent le plus haut taux de centenaires : 2 fois plus qu'au Japon et 3 fois plus qu'en France. On y vit mieux aussi, puisque la population y souffre moins qu'ailleurs de diabète et de fractures du col du fémur. Autre exemple : alors que la Grèce se prévaut d'une fréquence du cancer du sein de 52 pour 1000, elle baisse à 33 au Japon et... 25 à Okinawa.

Le Dr Makoto Suzuki, invité fin mars à Paris par l'Association de presse France Japon (APFP), travaille depuis plus de trente ans sur les populations très âgées de cet archipel. Il a résumé les grands facteurs à l'origine de la longévité des résidents : soin porté au choix et à la préparation des aliments, la pratique régulière d'une activité physique (entretien du potager, etc.) et l'importance du tissu social où « être âgé est valorisé ».

Concernant l'alimentation : « la façon de préparer les aliments se révèle aussi importante que le choix des aliments eux-mêmes », souligne-t-il. Consommation fréquente de thé vert matcha (riche en polyphénols, antioxydants puissants et anti-fer), de soja fermenté (tofu) et d'algues, mais aussi cuisson du riz et des légumes à la vapeur pour accompagner le poisson, viande de porc écrémée de la graisse remontée en surface... Qui plus est, la culture alimentaire veut que l'on ne passe pas à table stressé et qu'on en sort « sans avoir chargé son estomac à plus de 80 % ».

Coïncidence ? Alors que les Okinawaïens consomment deux fois plus de soja que les Japonais, ils ont deux fois plus de centenaires. Surtout, on y mange moins que dans les autres régions développées rappelle le Dr Jean-Paul Curtay*. Les chercheurs d'Okinawa conseillent donc de moins manger au fur et à mesure que l'on prend de l'âge, tout en conservant une activité physique régulière. En effet, en vieillissant, on brûle moins de calories au repos, avec pour corollaire le risque de surpoids et les pathologies liées. D'après le Dr Curtay, les Okinawaïens multiplient également les petits repas complets, « ce qui aide à l'oxygénation cellulaire ».

Le Dr Suzuki nuance ce tableau idyllique : à Okinawa, le nombre de centenaires augmente, mais ils sont de plus en plus dépendants... En revanche, jusqu'à 80 ans, la majorité de ses habitants ont toute leur tête et sont en pleine forme.

*Auteur de Okinawa, un programme global pour mieux vivre, édité au Livre de Poche.