Violences : les médecins s'organisent - L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 248 du 01/05/2009

 

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RAPPORT 2008 > L'Ordre national des médecins a présenté le 18 mars les résultats de l'Observatoire pour la sécurité des médecins pour l'année 2008.

Le nombre d'agressions a baissé de 36 % en un an (535 contre 837 en 2007), dont presque la moitié sont d'ordre verbal. Mais Jean-François Guyonnard, coordinateur du Comité de pilotage pour la sécurité des médecins, ne voit dans le rapport 2008 de l'observatoire aucune raison de se réjouir. « Ces chiffres montrent une perte de respect pour les médecins. La plupart ne savent même pas pourquoi ils sont attaqués. » Un temps d'attente trop long (dans 9 % des cas), un refus de prescription (8 %) ou une tentative de vol (7 %)... Pour lui, même si seules 8 % des agressions donnent lieu à une interruption temporaire de travail, cela suffit à créer « un climat de suspicion, très grave dans un métier qui repose sur la confiance ». Pire, selon André Deseur, conseiller national de l'Ordre : « Les violences ont une incidence sur l'accès aux soins. Après une agression, certains ferment leur cabinet, et personne ne veut prendre leur succession dans une zone «dangereuse». »

La loi de sécurité de 2003, qui prévoit une aggravation des peines pour les violences contre certains professionnels, dont les médecins et les infirmières, est-elle inefficace ? « Encore faudrait-il porter plainte, déplore le Dr Guyonnard. Ce qui n'est fait que dans 37 % des cas. » Et d'après une étude de l'observatoire, pour 100 plaintes déposées en 2006, seules 3 condamnations ont été prononcées. Pour y remédier, l'Ordre envisage d'encourager les conseils départementaux à se porter partie civile en cas de procès. Il est également prévu de renforcer les liens avec la police. « En 2003, nous avons désigné des interlocuteurs privilégiés dans les commissariats, rappelle André Deseur, pour intervenir en cas d'agression d'un professionnel de santé. Aujourd'hui, ils ne sont plus actifs. Nous allons les relancer. » La formation des médecins à la gestion de situations à risque est envisagée d'ici la fin de l'année. Enfin, « le Comité de liaison interordres, où les infirmières seront sans doute représentées un jour, travaille sur des modifications du Code pénal qui seraient utiles à toutes les professions », promet André Deseur.