Au courant, coûte que coûte - L'Infirmière Libérale Magazine n° 249 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 249 du 01/06/2009

 

FORMATION CONTINUE

L'exercice au quotidien

Tiraillée entre le désir de se former et un emploi du temps chargé, Maïté Labourie, libérale à Montreuil (93), apprécie ces moments motivants, dédiés à l'amélioration de la prise en charge des patients.

«Nouveaux traitements, nouvelles techniques, remise à niveau des connaissances... Pour moi, se former est autant une obligation morale qu'une nécessité professionnelle. Je ne manque pas de propositions : pas une semaine sans que je sois sollicitée par tel ou tel organisme. Mais ce qui me fait défaut, c'est le temps !

Comme nombre de mes collègues, je travaille entre 12 et 15 heures par jour et un week-end sur deux. Dans ces conditions, consacrer son temps libre à la formation revient à «sacrifier» sa vie de famille et ses loisirs... Cette réalité est encore plus vraie pour les collègues qui ont de jeunes enfants.

Pour ma part, j'essaie d'assister à au moins quatre formations par an et je lis régulièrement. Cette année, par exemple, grâce à un réseau de soins spécialisés, j'ai décidé de me remettre à niveau en néphrologie, car je prends en charge de plus en plus de patients dialysés et mes connaissances en la matière commençaient à dater. Je participe parfois à des formations organisées par des laboratoires pharmaceutiques. En proposant des réunions le soir, ils ont su s'adapter à nos horaires. Certaines sessions sont de qualité, mais il s'agit toujours de communication. En fait, l'idéal pour se former régulièrement serait de pouvoir s'appuyer sur une équipe de remplaçantes. Mais en région parisienne, la pénurie de libérales est telle que ce dispositif n'existe pas. Il faut aussi avouer que de confier ses patients à quelqu'un qu'on ne connaît pas n'est pas une démarche simple. Bref, je me sens toujours tiraillée entre le désir de me former et l'impossibilité concrète de le faire. Pourtant, au quotidien, nous prenons en charge des patients atteints de pathologies extrêmement différentes, tels les cancers et les maladies chroniques ou d'autres qui souffrent de traumatismes divers. Et aujourd'hui l'innovation thérapeutique est telle qu'il m'est arrivé de ne pas être sûre de savoir administrer un nouveau traitement, même en lisant le mode d'emploi...

Au-delà des apports théoriques et pratiques, j'apprécie de pouvoir rencontrer d'autres infirmières libérales. Pour moi, ces moments sont un espace d'échange et de dialogue indispensables, car notre forme d'exercice nous isole. Dans ce contexte, il est bénéfique de pouvoir discuter, par exemple, d'une prise en charge qui nous a mis en difficulté. »

Avis du cancérologue

« Besoin d'une formation plus pointue »

Dr Françoise May-Levin, cancérologue, ancien chef de service à l'Institut Gustave-Roussy et conseiller médical à la Ligue contre le cancer

« Assurément, les infirmières libérales qui pratiquent la prise en charge de patients atteints de cancers auraient besoin d'une formation continue plus pointue. Car, si les traitements sont de plus en plus efficaces, ils sont aussi plus complexes à administrer et entraînent des effets secondaires plus durs. D'autre part, les malades ont aussi besoin d'un soutien psychologique particulier. À l'hôpital, des consultations infirmières dédiées à cette prise en charge se développent, mais, en ville, elles n'existent pas. Mon souhait serait que les infirmières libérales, les médecins de ville et les équipes hospitalières travaillent de manière plus étroite. Dans ce cadre, pourquoi ne pas imaginer qu'ils puissent bénéficier d'actions de formation qui pourraient être dispensées à l'hôpital même ? Ce serait très innovant ! »