Enjeux éthiques : l'évasion au chevet des patients - L'Infirmière Libérale Magazine n° 249 du 01/06/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 249 du 01/06/2009

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

RÉFLEXION > Amener le personnel soignant à réfléchir sur les enjeux éthiques et déontologiques des pratiques artistiques au coeur de l'hôpital, tel était l'objectif de la journée d'échange organisée par l'Espace Éthique/AP-HP à l'hôpital Saint-Louis.

La salle était pleine à craquer... Une afflu-ence qui s'explique par l'intérêt croissant des soignants et des artistes pour les pratiques artistiques dans les lieux de soins.

Deux pratiques de terrain très différentes sont apparues au travers des interventions animées par des duos composés d'intervenants artistiques et cadres supérieurs. Le premier duo, formé par Chantal Duverdier, cadre supérieur infirmier en puériculture (hôpital Robert-Debré, AP/HP) et Marianne Clarac, intervenante et membre de Musique et Santé, choisit d'aborder l'épineuse question du secret professionnel. Quelles informations les intervenants peuvent-ils et doivent-ils partager avec l'équipe de soins ? Un vrai dilemme. « Les professionnels ne doivent communiquer aucune information sur les personnes soignées. Pourtant, souligne Chantal Duverdier, si une personne est susceptible de convulser, on préfère prévenir Marianne, mais sans lui en donner l'exacte raison médicale. » Dissocier ce qui relève du conseil technique et du domaine d'information médicale... Certes. Mais Marianne intervient depuis 2003 à Robert-Debré. « Elle sait repérer les situations d'urgence, le désarroi de l'équipe ou de la famille, elle a trouvé sa place dans l'équipe », ose Chantal Duverder. C'est ici son ancienneté qui permet un partage bien intentionné des informations.

Des approches adaptées

Les intervenantes qui leur succèdent au pupitre abordent les questions de liberté, consentement (du patient), de l'autonomie (de l'artiste).

En service de greffe de moelle, à Saint-Louis, avec Tournesol, Artistes à l'hôpital, pas question de partager directement des informations médicales, quelles qu'elles soient, entre soignants et intervenants musicaux. « Nous souhaitons éviter que les mêmes artistes viennent quinze fois de suite dans le même service, ceci afin d'éviter un lien trop éprouvant avec les patients. Cela nous assure aussi une diversité de répertoires. Aucune visite n'est improvisée et les artistes sont toujours accompagnés par l'un des membres permanents de l'association qui prépare le terrain avec les équipes soignantes », confie Sylvie Simonelli, cadre supérieur du service.

Pour Flora Sans, danseuse, « le personnel effectue un pré-choix, un des référents Tournesol toque à la porte... Accepter que le malade soit trop fatigué pour nous recevoir à son chevet fait partie de notre travail. Le climat de confiance établi avec le personnel et le malade constitue la base de notre intervention ».