LA TÉLÉSURVEILLANCE MÉDICALE - L'Infirmière Libérale Magazine n° 250 du 01/07/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 250 du 01/07/2009

 

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Fiche pratique

À l'heure où les offres se développent, il importe de les décrypter pour savoir les utiliser. Cet outil risque en effet de modifier la prise en charge des patients à domicile. Les capteurs

La surveillance de l'état de santé d'un patient peut s'effectuer grâce à des capteurs qui transmettent les mesures à une plateforme. Ils peuvent être placés sur la peau pour observer en permanence la température du patient, sa fréquence cardiaque ou son activité générale, par exemple. Par ailleurs, certains dispositifs prévoient de connecter d'autres appareils à l'ensemble. Suivant les paramètres enregistrés par l'équipe médicale, l'interface tactile de l'appareil indique au patient la marche à suivre. Les données sont enregistrées et accessibles aux professionnels de santé qui suivent le patient : si les réponses ou les mesures ne sont pas satisfaisantes, une alarme est déclenchée. La plateforme appelle alors le patient ou elle programme une intervention au domicile. Une équipe lyonnaise du CNRS a même mis au point des micro-capteurs qu'elle a insérés dans un gilet et un gant intelligents. Ils mesurent le débit sanguin, le rythme cardiaque, la température, la respiration, mais aussi la réactivité émotionnelle et sensorielle... D'autres capteurs, enfin, ont été mis au point pour détecter précocement tout infection cutanée chez les patients sous dialyse péritonéale.

Les dispositifs sans fil

Plus légers en termes de mise en oeuvre, les dispositifs sans fil ne permettent pas de surveiller autant de signes vitaux mais principalement la température, le pouls, la pression sanguine, la glycémie et le poids, dont les mesures peuvent être lues sur le Web. D'autres solutions consistent à enregistrer les signaux émis par certains modèles de défibrillateurs ou stimulateurs cardiaques implantés. Ils renseignent sur l'activité cardiaque du patient mais aussi sur le fonctionnement du dispositif. À la moindre alerte, une intervention médicale est engagée et la dégradation de l'état de santé du patient est enrayée.

Sans capteurs

Autre outil de télésuivi : le téléphone portable. D'utilisation facile et répandue, il permet déjà à des diabétiques d'entrer la valeur de leur glycémie et de recevoir automatiquement en retour des conseils sur la dose d'insuline nécessaire, son alimentation et son activité physique. En fonction du niveau de glycémie, il peut aussi être rappelé par une infirmière ou une diététicienne. Un dispositif encore en cours d'évaluation. Par ailleurs, Microsoft a déposé un brevet pour une technologie qui permettrait, si elle est développée, de détecter le rythme cardiaque, la pression sanguine, la température... mais aussi les expressions du visage et les mouvements d'une personne - un travailleur en l'occurrence, pas un patient - par la lecture des signes cérébraux. L'annonce du brevet a provoqué un tollé...

La valise

Une toute autre solution a été récemment mise sur le marché sous la forme d'une valise de télémédecine. Cette fois, c'est le médecin ou l'infirmière qui l'utilise au chevet de ses patients. Ordinateur portable pouvant se connecter à Internet (carte 3G), tensiomètre, électrocardiogramme, oxymètre, micro-bilan biologie, spiromètre, caméra haute définition et Web tiennent dans cette valise dont sont dotés certains médecins et infirmières libérales de zones rurales ou isolées (avec parfois l'aide des conseils généraux). Ils ont ainsi tout sous la main pour parer à l'urgence mais aussi pour se mettre immédiatement en relation - sept jours sur sept et 24 heures sur 24 - avec une équipe hospitalière en disposant du maximum de données disponibles. Le diagnostic est accéléré et la prise en charge optimisée... Avec ou sans fil, ces dispositifs permettent de surveiller plus finement les paramètres des patients, mais aussi d'améliorer la participation des patients à leur prise en charge. Les observateurs notent ainsi que les personnes suivies accèdent à une meilleure connaissance de leur maladie et de ses signes. Le corollaire attendu est donc une prise en charge plus rapide des complications et des hospitalisations évitées.

*Plus d'informations sur .

Avis de l'expert

Pierre Traineau, directeur général du Catel (Club des acteurs de télésanté)

Un fort potentiel

La télésurveillance est utile en territoires isolés, mais aussi dans le cadre de l'hospitalisation à domicile (HAD). Elle permet en effet l'accès et la transmission d'informations médicales, sociales et administra-tives à tous les professionnels de santé qui interviennent au chevet du patient. Les terminaux de surveillance à distance permettent de suivre l'évolution des malades chroniques et d'assurer un accompa-gnement personnalisé. Le patient et le professionnel ont ainsi une relation fréquente et la qualité de l'éducation thérapeutique s'en trouve améliorée. Ces technologies permettent également d'éviter de nombreux déplacements. Enfin, les médecins peuvent aussi apporter leur expertise à des infirmières qui restent au chevet des malades.