Trinquer pour se rencontrer
À L'INSTALLATION
L'exercice au quotidien
Nouvellement installé près de Vannes (56), Jean-Paul Boulais a organisé une soirée pour inviter ses nouveaux confrères, les médecins de la commune et les commerçants voisins. Un moyen de faire connaissance et d'engager des relations simples et conviviales.
«Je suis arrivé de la région parisienne il y a seulement quelques mois. Je cherchais des remplacements pour découvrir le travail en libéral puisque, jusque-là, j'étais infirmier en HAD (hospitalisation à domicile). Et puis une offre pour un local bien placé dans le bourg de Séné, limitrophe de Vannes, m'a fait franchir le pas plus vite que prévu, d'autant qu'une installation sans succession était encore possible, car c'était avant le 18 avril dernier *. Juste avant l'ouverture du cabinet, je me suis présenté à plusieurs des treize infirmières déjà installées à Séné. Même chose avec les neuf médecins de la commune. Mais je voulais organiser quelque chose de plus convivial, surtout pour mieux faire connaissance. J'ai donc parlé autour de moi de cette idée d'organiser un cocktail et on m'y a plutôt encouragé. J'ai bien sûr invité les infirmières de Séné ; six d'entre elles sont venues. Lorsque je suis allé me présenter aux médecins, j'en ai profité pour leur remettre le carton d'invitation : s'ils étaient plutôt enthousiastes au départ, aucun d'entre eux n'a finalement pu se libérer. J'ai également invité mes voisins commerçants - se présenter à eux, c'est important, ils côtoient beaucoup de monde - et ils sont tous venus. J'avais demandé à la boulangère de préparer des pains surprise ainsi que des toasts sucrés et j'ai commandé des huîtres à un ostréiculteur. Pour accompagner le tout, du vin blanc, des jus de fruits et du soda. J'ai installé une petite tente dans la cour, à l'arrière du cabinet, avec des proches venus m'aider avant et pendant la soirée, ce qui m'a permis d'être disponible pour mes invités. Au final, le cocktail m'a coûté 159 € : 100 € d'huîtres et le reste pour les boissons, dont une partie passera en frais professionnels. Ce cocktail a donc été positif : sur une quarantaine de personnes invitées, une trentaine sont venues. Depuis, le pharmacien m'envoie pas mal de monde et les médecins commencent à le faire. Même si je n'avais pas organisé cette soirée dans un but lucratif, mais plutôt pour faire connaissance, cela ne gâche rien. »
*Depuis le 18 avril dernier et la mise en oeuvre d'un accord conventionnel de septembre 2008, de nouvelles règles organisent l'installation des libérales dans les régions surdotées, comme le secteur de Vannes.
« Une bonne confraternité entre collègues »
Christine Misson, directrice de l'Angiil*
« Les règles professionnelles ne mentionnent pas cette pratique de cocktail. Comme le texte n'est pas précis, tout est affaire d'interprétation. Mais si cela se fait dans une certaine cohérence avec l'activité, avec tact et mesure, cela ne semble pas poser de problème. On peut en effet considérer que c'est un moyen de créer et d'entretenir des «rapports de bonne confraternité entre collègues», comme le stipule l'article 43-1212 du Code de la santé publique. Les textes professionnels parlent même du devoir d'informer ses collègues quand on s'installe. Maintenant, il faut rester raisonnable, privilégier les invitations personnelles, ne pas dépasser un certain niveau de frais, même si, en théorie, ils ne sont pas limités... »
* Association nationale de gestion des infirmières et infirmiers libéraux.