Voyager malade, en toute sérénité - L'Infirmière Libérale Magazine n° 250 du 01/07/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 250 du 01/07/2009

 

RECOMMANDATIONS

Votre cabinet

Partir en vacances sous les tropiques ou à la montagne tout en étant malade, c'est possible... Le point en quelques questions.

Que faire si je suis malade à l'étranger ?

Dans la mesure où vous êtes affilié au régime de protection sociale d'un État membre(1), vous pouvez bénéficier, lors de séjours temporaires sur le territoire d'un autre État membre, d'une prise en charge pour des soins médicaux survenus à l'occasion de ces séjours sur la base de la carte européenne d'assurance maladie (CEAM). Avant de partir, renseignez-vous sur les frais restant à votre charge et/ou souscrivez un contrat d'assistance ou d'assurance car dans certains pays, les frais médicaux coûtent très cher !

Comment me procurer la carte européenne d'assurance maladie (CEAM) ?

Vous pouvez vous la procurer auprès de votre centre d'assurance maladie au moins deux semaines avant votre départ. Sinon, la caisse vous délivrera un certificat provisoire de remplacement, valide trois mois. Chacun des membres de la famille doit avoir sa carte, valable un an.

Qui paie les frais à l'étranger ?

Les frais médicaux sont pris en charge selon la législation en vigueur dans le pays qui vous accueille : soit vous n'avancez pas les frais, soit vous êtes remboursé sur place par l'organisme de sécurité sociale du pays, soit vous faites l'avance et vous pourrez être remboursé par votre caisse en rentrant (notamment si vous avez oublié ou perdu votre CEAM ou votre certificat), sur la base des tarifs pratiqués en France. Certains pays ont passé des accords de sécurité sociale avec la France : renseignez-vous auprès de votre caisse.

Je suis sous morphine : comment faire à l'étranger ?

Il y a des règles à respecter pour le transport personnel de médicaments stupéfiants dans le cadre d'un traitement médical, qu'il s'agisse de la douleur (y compris le Temgésic®) ou d'une dépendance aux opiacés (buprénorphine haut dosage et méthadone). Les procédures diffèrent selon que le lieu de destination est signataire ou non des accords de Schengen.

→ Dans l'espace Schengen(2) : munissez-vous d'une autorisation de transport délivrée sur demande du patient ,au vu de l'original de la prescription médicale, par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) du département où le médecin prescripteur est enregistré. Cette autorisation est valable trente jours et les quantités transportées ne doivent pas dépasser la durée maximale de prescription. Pour la méthadone gélules, d'autres documents sont requis.

→ En dehors de l'espace Schengen : prenez l'original de l'ordonnance si la durée de séjour est inférieure à la durée maximale de prescription. Au-delà, on doit en plus être en possession d'une attestation de transport délivré par l'Afssaps, département Stupéfiants et psychotropes (tél. : 01 55 87 35 93). À demander au moins dix jours avant le départ.

Puis-je prendre l'avion avec mes médicaments ?

Hormis les contraintes liées aux stupéfiants, il n'y a aucune restriction concernant les médicaments solides (comprimés, gélules...). Si le médicament est liquide et de contenance inférieure à 100 ml, il doit être placé dans un sachet plastique transparent. S'il dépasse 100 ml, aucune consigne ne s'applique, mais il vous faut une ordonnance nominative et en cours de validité.

J'ai un traitement pour l'hypertension, que faire si je perds mes médicaments ?

Il est indispensable d'avoir sur soi une ordonnance française de son traitement, si possible rédigée en dénomination commune internationale (DCI) pour les médicaments afin que les professionnels de santé étrangers puissent vous dépanner.

On m'a dit que je devais me protéger du paludisme en prenant des médicaments...

Selon l'existence de souches résistantes à la chloroquine (Nivaquine®) et au proguanil(3) (Paludrine®), les pays où sévit le paludisme sont classés en trois groupes. Mais d'une année à l'autre, un même pays peut changer de groupe et le traitement diffère alors. La classification des pays est consultable sur le site de l'Institut de veille sanitaire(4). Mais rien ne remplace une protection mécanique efficace à base de repellent 3535 (Cinq sur cinq, Mousticologne, Mosquitox...).

Je pars au soleil, mais j'ai un traitement.

Assurez-vous que votre traitement est compatible avec une exposition solaire car de nombreux médicaments sont photosensibilisants (37 classes de médicaments dont les cyclines, des neuroleptiques, les IEC, les fluoroquinolones, les rétinoïdes...). Prenez une crème solaire à indice élevé (30 à 50). Et demandez conseil à votre pharmacien.

Comment respecter les heures de prises médicamenteuses avec le décalage horaire ?

Dans la majorité des cas, décalez les prises d'une heure par jour (pas plus de deux), tout en respectant les intervalles entre chaque prise. L'idéal est de demander un plan de prise à votre médecin.

Je suis diabétique insulinodépendant : comment adapter mes doses d'insuline lors de mon départ en Asie ?

Pour un voyage d'est en ouest, si le décalage horaire ne dépasse pas trois heures, vous pouvez conserver votre schéma insulinique. Si vous voyagez vers l'est (Paris-Hong Kong), partez de préférence le soir et remplacez l'injection d'insuline retard par une dose équivalente d'insuline rapide. Si vous voyagez vers l'ouest (Paris-New York), partez de préférence le matin. À partir de cinq-six heures de décalage horaire, compensez avec de l'insuline rapide. Si le voyage dure plus de douze heures, contrôlez au moins votre glycémie toutes les six heures. Dans tous les cas, demandez au diabétologue.

Faut-il se faire vacciner avant de partir en vacances ?

Il faut déjà être à jour des vaccinations obligatoires en France. Ensuite, selon les pays, certains vaccins sont recommandés. Se renseigner sur le site du ministère des Affaires étrangères et européennes () ou sur .

(1) La CEAM peut être présentée dans les États suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne (y compris les îles Baléares et les Canaries), Estonie, Finlande, France (métropole, Guadeloupe, Martinique, Guyane française, la Réunion), Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Lituanie, Liechtenstein, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal (y compris les archipels de Madère et des Açores), République slovaque, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse.

(2) L'espace Schengen est composé de 25 États : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Norvège, Portugal, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Suède, Suisse.

(3) Associé à la chloroquine dans Savarine®.

(4) Site de l'Institut de veille sanitaire : , rubrique Recommandations sanitaires pour les voyageurs.

SÉROPOSITIVITÉ Se renseigner avant le départ

Plus de 70 pays restreignent l'entrée des séropositifs sur leur territoire. Un patient VIH + en bonne santé est persona non grata aux États-Unis, en Arabie saoudite, en Russie, en Colombie... Plutôt que d'interrompre le traitement ou de se faire expulser en cas de découverte de trithérapie dans les bagages, mieux vaut choisir une autre destination* ! Pour se renseigner, consulter le site (en anglais) ou appeler sida-info-service au 0800 840 800.

* Pour les États-Unis, il semble possible de faire une demande exceptionnelle pour trente jours sur le visa...

Où trouver des informations ?

- Les diabétiques peuvent télécharger le Guide voyage en avion et autres formalités sur , sans oublier les sites et .

- Les personnes insuffisantes respiratoires ayant besoin d'oxygène trouveront des infos auprès de l'association Antadir qui a édité un guide pour les patients voyageant sous oxygène avec un concentrateur d'O2 portable. À télécharger sur , lettre Inspirer n° 16.

- Pour se renseigner sur les régimes de sécurité sociale des pays signataires d'un accord avec la France, consulter le site du Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (Cleiss), .

- Pour la carte européenne d'assurance maladie, aller sur avec son numéro de sécurité sociale et son code confidentiel.

- Pour connaître les modalités de transport des médicaments stupéfiants, aller sur , rubrique «Produits de santé», «Stupéfiants et psychotropes», puis «Activités», rubrique «Textes réglementaires concernant les stupéfiants et psychotropes».