Les libérales allaitent aussi ! - L'Infirmière Libérale Magazine n° 252 du 01/10/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 252 du 01/10/2009

 

VIE PRATIQUE

L'exercice au quotidien

Allaiter son bébé après avoir repris le travail, Christelle Mahieux, libérale dans une petite ville de l'Oise, n'osait même pas l'imaginer...

Particulièrement investie dans un service de cancérologie et soins palliatifs avant de s'installer en libéral, Christelle Mahieux a patienté sept années pour son premier enfant... Un petit Edwyn qu'elle a allaité un mois seulement à 100 % puis en mixte avant le sevrage, à la reprise du travail. Une expérience qui lui a laissé un goût d'inachevé.

En suivant à domicile des mamans qui allaitaient, « j'ai réalisé qu'il n'y avait rien à ce sujet dans les études d'infirmière. J'ai eu envie de me former. Pour les mamans, car certaines me posaient des questions auxquelles je ne savais pas répondre, mais aussi pour moi ». Aucun livre sur le sujet ne lui échappe, pas plus que les pages incroyablement fournies du site Web de La Leche League. Mais, faute de formation reconnue sur le sujet, c'est en tant que maman qu'il lui arrive de conseiller les autres mères. Tandis que le projet d'un deuxième enfant se dessine, celui de l'allaitement se précise : « J'ai décidé de bien préparer les choses et de n'écouter que les conseils de personnes qui avaient allaité plus de six mois. »

Un mois avant la naissance de Lohan et quatre mois et demi après, elle a pu être remplacée et allaiter tranquillement. « Je me disais : je suis libérale, ce n'est pas possible de poursuivre au-delà. » La rencontre avec une animatrice formée la fait changer d'avis. Sur ses conseils, l'infirmière commence à tirer son lait pour constituer un peu de stock au congélateur. La première journée chez sa nounou, Lohan n'a rien voulu avaler ou presque pendant onze heures. Mais, au final, s'il ne se nourrissait pas chez elle, il se rattrapait en tétant goulûment le matin très tôt, le soir et la nuit ! Et, bien sûr, à la demande lorsque sa maman ne travaille pas.

« Je tirais mon lait pendant la pause déjeuner, quand je rentrais vers 14 heures et une autre fois si je rentrais vers 17 heures, en préparant ma tournée, en écoutant les messages, en saisissant les ordonnances... Toutes les tâches administratives peuvent se faire d'une seule main », remarque, amusée, l'infirmière.

Vers six mois, le petit garçon a commencé à manger des compotes, des purées... tout en continuant à prendre le sein.

Ses secrets ? Dormir, manger équilibré et boire beaucoup. Et aussi : être bien informée, bien accompagnée - par des personnes formées - et bien entourée par sa famille et ses collègues.

Tandis qu'elle envisage un sevrage naturel, un éventuel DU d'allaitement pourrait relancer la suite de cette belle histoire.

Avis de l'expert

Deux atouts : tire-lait et régularité

Marie Courdent, animatrice de La Leche League* (LLL) et formatrice en allaitement maternel

« Les infirmières libérales peuvent allaiter en reprenant le travail car elles ont des horaires «à trous» et des moments où elles peuvent rentrer chez elles. Un atout : avoir un bon tire-lait qu'on utilise quand on peut. Il en existe qui se branchent sur l'allume-cigare des voitures, qui fonctionnent sur batterie ou manuellement. Il suffit ensuite de conserver le lait dans une glacière avec des blocs réfrigérés avant de le mettre, en rentrant, au frigo. Le lait maternel se conserve beaucoup mieux qu'on ne le croit et, par ailleurs, il n'est pas nécessaire de tirer le lait à heures fixes. En revanche, si vers 6-8 mois, l'allaitement peut se maintenir de façon relativement intermittente, la régularité de la stimulation permet de continuer de répondre à la demande les jours où les mamans ne travaillent pas. »

*Site Internet :