Repenser le financement des Ssiad - L'Infirmière Libérale Magazine n° 253 du 01/11/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 253 du 01/11/2009

 

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DISPARITÉ > Avec une attribution annuelle de 1,1 milliard d'euros et une prise en charge inégale, la question du financement des services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) continue de se poser.

C'est en profitant du congrès de la Société française de santé publique, qui se tenait du 1er au 3 octobre à Nantes, que l'aspect financier des Ssiad a pu être justement soulevé. Le travail prospectif auquel le Dr Karine Chevreul, de l'unité de recherche clinique en économie de la santé d'Île-de-France, s'est attelée avec financeurs et institutions de tutelles avait l'ambition de lier approche financière et objectif sanitaire.

Un constat quotidien

À l'origine de ce travail, un constat auquel les infirmières libérales sont confrontées au quotidien : la prise en charge des patients admis en Ssiad est inégale. « Le besoin de soins varie de 1 à 36 selon les patients », souligne Karine Chevreul. Certains sont dépendants et nécessitent des interventions d'aides-soignantes ; d'autres, malades, ont besoin de soins infirmiers. Certains bénéficient de l'aide de leurs proches, d'autres au contraire doivent avoir une garde à domicile. Sans parler du lieu d'habitation, en ville ou à la campagne, qui n'est pas sans incidence sur l'organisation du service.

Des coûts très variés

Résultat : il existe une grande diversité dans les coûts de prise en charge, avec une variation de 0,1 à 3,5 fois le coût moyen qui s'établit à 10 525 euros. Surtout, du fait d'une dotation fixe, « des Ssiad sont largement déficitaires et sélectionnent leurs patients, quand d'autres sont excédentaires », poursuit le médecin.

Les contours d'un nouveau modèle de financement ont été définis, même si les modalités précises restent à être validées. L'idée d'ores et déjà retenue est d'allouer les budgets en fonction des Ssiad et d'introduire des incitations financières (bonus) pour prendre en charge les patients lourds, forcément plus coûteux. Une part fixe serait attribuée pour couvrir les coûts de structure ; une part variable correspondrait au coût des soins, en tenant compte du niveau de dépendance et de maladie du patient et des aides extérieures apportées.

3 questions à

Dr Karine Chevreul, spécialiste en santé publique

Quelle est la part infirmière dans le coût total de prise en charge ? Elle a été estimée à 12 % du coût total. À titre de comparaison, la part des aides-soignantes est de 46 %.

Quelle est la proportion si l'on s'intéresse seulement aux patients qui nécessitent des soins infirmiers ? Dans ce cas, la part est de 20,4 %. Le salaire de l'infirmière coordinatrice n'est pas pris en compte ici.

Les infirmières libérales doivent-elles craindre ce nouveau financement ? Cela ne changera absolument rien pour elles. Un financement plus juste sera au contraire l'assurance pour elles que les soins infirmiers seront plus facilement déclenchés.