Tirer son épingle du jeu de l'organisation des soins - L'Infirmière Libérale Magazine n° 253 du 01/11/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 253 du 01/11/2009

 

PROFESSION

Actualité

CONGRÈS DU SNIIL > De nombreux thèmes liés à la loi HPST ont été abordés pendant une semaine,parmi lesquels la question de la place de la libérale dans la future organisation des soins, la démographie paramédicale et le développement de la coopération entre professionnels.

Environ 80 adhérents du syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) se sont déplacés au congrès qui se tenait à La Baule la semaine du 21 septembre.

De nombreuses réformes

La première journée était placée sous le signe de «l'infirmière libérale dans la future organisation des soins». Un thème d'actualité permanente, pourrait-on dire, tant le secteur de la santé est l'objet de réformes depuis des années, mais plus particulièrement depuis le vote de la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) qui consacre la notion de territoires de santé et s'attelle au problème de la démographie médicale et paramédicale.

L'installation

Florence Savary, directrice-adjointe de l'Urcam(1) des Pays de la Loire, n'a eu aucun mal à mettre en évidence la pertinence de l'initiative prise dans sa région pour définir des zones de dotation en professionnels plus «intelligentes». Un sujet très important pour des infirmières qui, depuis la signature d'un avenant conventionnel en avril dernier par quatre syndicats (dont le Sniil), n'ont plus une liberté totale d'installation. « La notion de bassin de vie est trop fragile en termes numérique, a ainsi expliqué Florence Savary. Dans la région, nous avons préféré dessiner 52 territoires de premier recours pour mieux coller à la réalité. C'est trop juste de lancer une maison de santé pluridisciplinaire parce qu'une zone est en rouge ! » L'approche a été saluée par l'assistance. D'autant que le zonage actuel fait apparaître, semble-t-il, des aberrations. « Nous voyons des infirmières s'installer dans des zones soi-disant sous-dotées et l'on constate qu'elles ne travaillent pas. Cela crée des tensions entre professionnels ! », a par exemple souligné un adhérent. La présidente du Sniil, Annick Touba, a voulu réaffirmer la nature expérimentale de l'avenant, « même si l'Assurance maladie a la pérennisation du dispositif en tête ».

Développer la coopération

Autre axe d'action défini par la loi, le développement de la coopération entre professionnels a occupé une bonne partie de la journée. D'abord, Alain Bergeau, président de l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS), kinésithérapeute de métier, a tenu un discours très offensif. « Il faut arrêter de parler comme si la coopération n'existait pas !, a-t-il affirmé. Surtout à vous, les infirmières, qui allez dans le sens de l'histoire. Mais il faut s'emparer de ce dossier, ne pas attendre que l'organisation de cette coopération vienne d'en haut. » Alain Bergeau a expliqué le projet élaboré par l'UNPS autour de la prise en charge coordonnée libérale du patient à sa sortie d'une hospitalisation, concept qui a été repris dans l'article 37 de la loi HPST(2). Reste à développer l'outil informatique qui organisera cette coordination et aussi son financement...

Un dernier point très sensible et qui a valu un beau brouhaha au terme de l'intervention de Céline Andréani, infirmière participant à une expérimentation de prise en charge coordonnée en Loire-Atlantique et de délégation de tâches(3). Pas de rétribution pour les cinq années d'investissement dans la définition du projet, une rémunération insuffisante, selon l'infirmière elle-même, pour un travail prenant... D'accord pour aller sur des missions d'éducation thérapeutique dans un cadre coordonné, mais pas à n'importe quel prix, a réagi l'assistance.

Le juste coût a un prix

Avec le droit à la prescription de certains dispositifs médicaux, les infirmières libérales se sont vues reconnaître de nouvelles compétences depuis 2007. « Pourtant cette possibilité, qui accroît notre autonomie, est insuffisamment exploitée par les infirmiers et infirmières libéraux. Même si l'Assurance maladie a noté une montée en puissance du nombre de prescriptions au cours des derniers mois », a indiqué Catherine Kirnidis, secrétaire générale du syndicat national des infirmiers libéraux (Sniil) au cours de la conférence dédiée aux «perspectives et mutation de l'exercice libéral infirmier». « Mais ne soyons pas dupes, a-t-elle précisé. Nous savons très bien, en effet, qu'une infirmière qui prescrit des aiguilles à insuline ou des bandelettes se traduit pour la sécurité sociale, par l'économie d'une consultation médicale. Par ailleurs, dans ce cadre, elle attend de nous davantage d'efficience. À savoir, une juste prescription pour un soin de qualité. » Cependant, aujourd'hui, ces actes ne sont pas valorisés. Pour autant, Catherine Kirnidis appelle ses collègues à s'engager dans cette voie. « À terme, l'objectif est que nous puissions démontrer aux tutelles, chiffres à l'appui, combien nous avons généré d'économies. Dès lors, nous serons en mesure - c'est d'ailleurs le rôle des syndicats - de demander d'ouverture de négociations pour réviser le montant de la cotation. Et pourquoi pas, faire reconnaître la consultation infirmière... »

FRANÇOISE VLAEMYNCK

(1) Urcam : Union régionale des caisses d'Assurance maladie.

(2) Téléchargeable sur .

(3)Voir L'Infirmière Libérale magazine n°249 de juin 2009.