Le suivi - L'Infirmière Libérale Magazine n° 254 du 01/12/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 254 du 01/12/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

Sabine L., 36 ans, suit un traitement de stimulation ovarienne en vue d'une FIV. Elle prend maintenant rendez-vous pour l'injection «finale» intramusculaire. Le médecin a dit de la faire à 23 heures mais elle préférerait la faire demain à 6 heures, avant le travail.

Cette injection est destinée à déclencher l'ovulation et les médecins ont déterminé précisément son horaire en fonction du rendez-vous pour le recueil d'ovocytes. Cette ponction doit se faire 36 à 37 heures après l'injection intramusculaire du produit, ce qui correspond à l'heure de son rendez-vous. Il est impératif de respecter cet horaire.

SURVEILLER LES EFFETS INDÉSIRABLES

À court terme

Le syndrome d'hyperstimulation ovarienne est la complication la plus redoutée. Les ovaires, hyper stimulés, répondent excessivement et augmentent de volume. Suivant la gravité, peuvent apparaître des kystes, un épanchement séreux dans le péritoine (ascite) et jusqu'à un accident thromboembolique, une insuffisance rénale, une détresse respiratoire aiguë. Il apparaît généralement quelques jours après le déclenchement de l'ovulation.

Les symptômes sont des douleurs abdominales, une sensation de malaise, nausées, diarrhées. Une consultation, voire une hospitalisation, sont nécessaires ainsi que l'arrêt immédiat du traitement.

Autres effets indésirables : réactions locales, démangeaisons, douleurs au site d'injection, kystes, céphalées, nausées, vomissements, fatigue, prise de poids, sensation de gonflement, bouffées de chaleur, irritabilité, jambes lourdes... peuvent rendre les traitements difficiles à supporter à la longue. Des saignements peuvent survenir dus à l'effet flare-up des agonistes en protocole long.

À moyen terme

Risque de grossesses multiples qui deviennent des grossesses «à risque» pour la mère et les foetus.

À long terme

Pour le moment, malgré les interrogations, les liens entre AMP et cancers des ovaires, du sein ou de l'utérus n'ont pas été démontré.

LE MONITORAGE

La stimulation ovarienne reçoit des réponses très variables d'une femme à l'autre et d'un traitement à l'autre. Le monitorage permet d'adapter le traitement pour obtenir des follicules de bonne qualité, de limiter le risque d'hyperstimulation, de choisir le moment pour déclencher l'ovulation. Il est essentiellement réalisé par dosages sanguins du taux d'hormones (oestradiol, LH et éventuellement progestérone) et échographie pelvienne.

Au début du cycle, une surveillance tous les 2 ou 3 jours suffit généralement : elle peut s'accélérer en approchant du déclenchement de l'ovulation. Les dosages d'oestradiol, s'ils sont faits par IDE, doivent être déposés très vite au laboratoire pour que les résultats soient connus rapidement afin d'ajuster le traitement. Les femmes reçoivent les éventuelles consignes d'une adaptation de dose par téléphone.

L'injection d'HCG doit se faire très précisément 36 à 37 heures avant la ponction.

Le dosage des bêta-HCG pour savoir si une grossesse est en cours s'effectue 11 jours après le transfert embryonnaire en FIV, 15 jours après une insémination.

MIEUX VIVRE LE TRAITEMENT

Les périodes de stimulation ovariennes demandent une mobilisation importante : injections répétées, ajustements ponctuels des doses, dosages hormonaux le matin, échographies parfois le soir, multiples rendez-vous sont souvent vécus comme un marathon, a fortiori pour les femmes qui ont une activité professionnelle.

Pour Laurence Foucher, psychologue à Maia (une association regroupant des professionnels de santé et des personnes ayant connu l'infertilité), il est important de se rendre disponible physiquement et psychologiquement dans ces périodes et de préparer un contexte où l'on peut s'investir :

→ identifier les besoins qui sont propres à chacun : être occupé pour moins penser ou au contraire se détacher des contraintes quotidiennes pour être plus disponible dans sa tête (prendre éventuellement des jours de congés) ;

→ s'aménager des horaires flexibles pour les examens, faire valoir son droit à des absences sur certificat médical (à condition de mettre son patron au courant) ;

→ choisir un centre agréé ainsi qu'un laboratoire d'analyse proche de chez soi ;

→ se ménager : même si, médicalement, rien ne justifie un repos particulier dans ces périodes, organiser une vie quotidienne apaisée ;

→ aménager des moments en couple pour se réapproprier ce moment de la conception médicalisée ;

→ prévoir des occupations pour «l'après-implantation» : ce moment où les examens cessent d'un coup et où commence l'attente de la grossesse éventuelle est souvent mal vécu.

ÉDUQUER À L'AUTO-INJECTION

Pour les patientes qui désirent s'injecter elles-mêmes les produits (ou par un proche), rappeler les règles d'injection (désinfection, changement d'aiguille systématique et de point d'injection, gestion des déchets...).

Avec les stylos injecteurs, inciter à utiliser les tableaux d'enregistrement des doses pour calculer la dose restante dans la cartouche et calculer la dose complémentaire à injecter.

Les vidéos d'utilisation des stylos sont consultables sur le site Internet de Fivfrance : .

Point de vue...

« J'aime l'idée que ces couples soient suivis à domicile par une infirmière »

Dr Miguel Jean, praticien hospitalier, chef du service de biologie et médecine du développement et de la reproduction au CHU de Nantes, intervenant dans la formation FIV-AMP dispensée par la Cnam des Pays de la Loire

« Ces femmes souffrent quotidiennement : elles ont besoin d'une écoute extérieure qui sorte du cercle familial où la communication est parfois difficile. Il s'établit une relation privilégiée avec l'infirmière, empathique mais aussi professionnelle : la patiente a-t-elle pris du Spasfon® pour soulager ses douleurs, sur une échelle de 1 à 10, où se situent ses symptômes ? L'infirmière offre une écoute qui aide à faire la part des choses. Par ailleurs, même si les auto-injections rendent de grands services à ces femmes, il peut être bon de passer le relais pour remettre chacun dans son rôle. Les hommes en particulier n'ont pas toujours envie de piquer leur femme. Et cela n'est pas toujours souhaitable : être soignant, soigné et conjoint, il est difficile de porter les trois casquettes. »