POLITIQUE DE SANTÉ
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RÉFLEXION > La demande d'assistance médicale à la procréation (AMP) ne cesse de croître. Comment proposer une offre de soins adaptée aux besoins ? L'Agence de biomédecine a ouvert le débat.
En 2007, plus de 20 000 enfants ont vu le jour en France à la suite d'une tentative d'AMP - soit 2,5 % des naissances. En trente ans, ce sont plus de 200 000 enfants qui ont été conçus par FIV (fécondation in vitro). Bien que ces méthodes soient décrites par les patientes comme un véritable « parcours du combattant », leur succès ne se dément pas. L'âge de plus en plus tardif de la maternité n'est pas la seule raison. Magali Mazuy, sociodémographe à l'Inserm(1), parle d'une « norme parentale forte en France. De plus, la pression sociale à concevoir un enfant biologique est forte, ce qui explique que les couples ne se dirigent pas forcément vers l'adoption ».
Les établissements sont-ils armés pour faire face à cette demande croissante ? Aujourd'hui, 104 centres déclarent une activité d'AMP. Ceux-ci sont assez bien répartis sur le territoire national, à l'exception de la Corse, qui ne dispose d'aucun centre. Mais les techniques les plus sophistiquées ne sont pas disponibles partout, comme le don d'ovocytes et la prise en charge des couples dont un membre est séropositif. Globalement, les moyens alloués par tarification à l'activité (T2A) à l'hôpital sont insuffisants. « La T2A ne prend pas en compte le temps passé pour la surveillance, l'information des couples, les réunions interdisciplinaires... », explique le Dr Nadine Ribet-Reinhart, de l'Agence de biomédecine. Au total, 1 330 employés à temps plein travaillent pour les activités d'AMP : médecins, sages-femmes, techniciens de laboratoires, psychologues, personnel administratif... « Il manque entre 1,5 et 2 ETP par centre pour les réunions interdisciplinaires », estime Nadine Ribet-Reinhart, qui suggère d'impliquer davantage les sages-femmes pour un meilleur suivi des couples.
Mais l'AMP n'a pas été louée par tous les experts présents. Chercheur à l'Ined(2), Henri Léridon estime que « l'AMP génère beaucoup de FIV inutiles, de nombreuses naissances multiples et un coût substantiel pour la collectivité ». En parallèle, « même sans AMP, les chances de concevoir un enfant pour les couples hypofertiles sont là, même s'il faut patienter un peu plus ». Ses simulations démographiques montrent que « l'AMP ne sera qu'un faible appoint à la natalité globale ».
(1) Inserm : Institut national pour la santé et la recherche médicale.
(2) Ined : Institut national d'études démographiques.