LIVRE
Actualité
Des pavillons autour d'une place ; un village quasi autarcique avec sa ferme, ses commerces, son garage, ses fêtes, son église : l'institution psychiatrique de Pont-Piétin, dans la campagne de Blain (Loire-Atlantique), a pleinement fonctionné, dans les années 1960, comme un «hôpital-village». Un espace pensé pour reproduire une vie sociale et favoriser les échanges.
Six cadres (dont quatre anciens infirmiers), aidés d'un journaliste, ont tiré un livre de cette expérience(1). Ils retracent l'évolution du vaste domaine depuis la préhistoire jusqu'en 2011, date d'inauguration de locaux neufs. Sur les photos en noir et blanc, des infirmiers projetant un film, des patients au travail(2)...
Aujourd'hui, le village s'est «assoupi». Seuls 171 des 672 lits ouverts en 1960 sont occupés. L'hôpital, devenu progressivement « un établissement de soins comme un autre », est sorti de ses murs. Externalisation, sectorisation, essor des neuroleptiques, diversification des métiers du soin, etc. : l'origine et le destin de Pont-Piétin sont replacés dans l'histoire de la psychiatrie.
Les auteurs ne font pas l'impasse sur certaines pratiques contestables du passé. Ni sur les critiques contre la philosophie de l'hôpital-village : d'aucuns y ont vu « des artifices destinés à masquer la ségrégation » des malades mentaux. Le livre, nuancé, décrit les liens au milieu rural avoisinant, transformé par la présence de l'hôpital.
(1) Pont-Piétin, un hôpital-village, collectif, Nantes, édition Siloë, 18 euros.
(2) Ils recevaient un pécule.