L'Infirmière Libérale Magazine n° 255 du 01/01/2010

 

Éditorial

Nous sommes en 2010. Écrire cette phrase - impératif de bouclage oblige - avant les douze coups de minuit a un certain côté science-fiction. Voici quelques jours, la Nasa organisait à Washington une conférence ayant pour thème le «nettoyage orbital». Qui se souvient que le 10 février 2009 (l'an dernier donc) deux satellites en activité, l'un américain et l'autre russe, se sont percutés à 800 km au-dessus de la Sibérie ? L'explosion consécutive au choc a pourtant généré un impressionnant nuage massif de débris cosmiques... qui a fini par se répartir autour de la Terre, formant comme un voile. Dans ce voile, les objets vont continuer de se téléscoper, produisant d'autres objets et provoquant une expansion du nuage de déchets. Non contents d'avoir fait de notre planète une poubelle (et ce n'est pas le pâle bilan du sommet de Copenhague qui y changera quelque chose), nous avons copieusement souillé l'espace pendant trente ans avec des boulons, des tournevis égarés et de vieux morceaux de fusées... Donald Kessler*, aujourd'hui retraité de la Nasa, fut le premier à tirer la sonnette d'alarme en 1978. Mais rien n'y fait : on ne sait toujours pas comment nettoyer l'espace ! Évitons de tirer des plans «sur la comète» en imaginant coloniser d'autres lieux dès que nos corps ne résisteront plus aux pollutions (amiante, pesticides, etc.) et aux amas de déchets imposés à la planète bleue. La route est bouchée. Et d'un coup, les étoiles nous font beaucoup moins rêver. Mais bonne année quand même : sur cette Terre, on a bien besoin de soignants !

* Plus de débris entraîneraient plus de collisions et donc plus de débris... Ce syndrome décrit en 1978 porte aujourd'hui son nom. Plus d'infos sur son site Internet, en anglais :