L'Infirmière Libérale Magazine n° 256 du 01/02/2010

 

Éditorial

La veille, plusieurs milliers de danseurs envahissaient les rues de Port-au-Prince pour le lancement de la période carnavalesque. Mais depuis le 12 janvier, on sait que 48 secondes suffisent pour maquiller de désespoir un pays. En Haïti, des gens mourront, non du tremblement de terre de magnitude 7, mais de ses conséquences : absence d'abris, de sanitaires, manque d'eau, de nourriture. Autant de prémices, sans doute, au triste défilé de maladies bien connues des ONG. À côté, l'épidémie de grippe A/H1N1 qui continue de mobiliser tellement de forces vives et d'argent n'est plus seulement fade, elle en devient gênante. Gageons que le masque antigrippe rejoindra bien vite le fond de la malle à déguisements.

Côté solidarité, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a dû mettre un frein aux élans de ses infirmières qui souhaitaient porter secours à la population haïtienne... Par crainte de peser davantage sur la désorganisation ambiante en débarquant un bataillon de volontaires sans la logistique suffisante. Des associations* oeuvrent heureusement sur place, tentant d'aider au quotidien un pays pauvre et densément peuplé. Elles n'ont pas attendu le 12 janvier, connaissent le pays et évaluent les besoins. Restons à leur écoute et tenons-nous prêts : la santé est à ce prix. Haïti est forte : elle a résisté à l'esclavage, à un colonialisme dévastateur, à des décennies de dictature et à quatre cyclones successifs, rien qu'en 2008. Comme Roi Carnaval, elle renaîtra de ses cendres. Mais pas sans le reste du monde.

* Liste non exhaustive : Médecins du Monde depuis 1984, Médecins sans frontière depuis 1991, Le Comité international de la Croix Rouge depuis 1994, le Groupe d'appui médical à Haïti (Gamah), etc.