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COMPÉTENCES PARTAGÉES > Invité par le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) à débattre sur la coopération entre professionnels de santé le 15 décembre dernier à Paris, le Conseil national de l'Ordre infirmier (CNOI) ne s'en est pas laissé compter.
Sur fond de régionalisation de la santé, d'accroissement de la demande de soins et d'une démographie médicale en berne, le Cnom s'est déclaré favorable à la coopération entre différents professionnels de santé. « Moyennant un certain nombre d'obligations comme la formation spécifique pour ceux qui se verraient déléguer des tâches », a précisé le Dr Michel Legmann, président du Cnom. Dans ce contexte, la maison de santé pourrait devenir «la nouvelle église», et pas seulement en zone rurale.
Aujourd'hui, on estime ces structures à une centaine, mais d'ici dix à quinze ans, on pourrait en compter de 3 000 à 4 000. Médecins, infirmières et kinésithérapeutes formeraient le trio soignant de cette nouvelle offre de soins.
Mais pour Dominique Le Boeuf, présidente du CNOI, la notion de délégation ou de transfert de tâches est très réductrice. « Au CNOI, nous préférons celle de compétences partagées qui correspond davantage à ce que les infirmières vivent sur le terrain », a-t-elle indiqué.
Pour l'Ordre infirmier, la vraie question est de savoir comment organiser la prise en charge de tous les nouveaux patients qui sortent aujourd'hui des hôpitaux et qui réclament des soins complexes, auparavant non dispensés en ambulatoire.
« Je suis sceptique, a insisté la présidente, parce que je ne pense pas que ces patients iront forcément dans une maison de santé. À nos yeux, le plus important, c'est d'abord le projet de santé autour de données partagées et l'organisation de la continuité des soins. Aujourd'hui, une infirmière libérale fait plutôt ses soins entre 7 et 9 heures - et elle ne va pas tenir la main du médecin qui, à 9 heures, viendra ouvrir les portes de la maison de santé -, puis entre 20 et 21 heures. Le rythme des patients, c'est celui-là, week-end compris. Nous sommes d'ardents défenseurs du regroupement des professionnels de santé. Il y a d'ailleurs longtemps que les infirmières libérales travaillent ensemble afin d'assurer la continuité des soins, mais il faut savoir qui fait quoi et comment. »