Trouver une place pour la tabacologie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 256 du 01/02/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 256 du 01/02/2010

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

ADDICTIONS > Le tabagisme reste la première cause évitable de mortalité prématurée. Mais la question de l'opportunité de son intégration dans le champ de l'addictologie se pose toujours.

Les fortes augmentations de prix décidées en 2003 et les hausses de taxes appliquées l'année suivante ayant entraîné une baisse conséquente des ventes, l'idée que la consommation de tabac était enrayée avait fait son chemin... Mais en réalité, le marché avait seulement stagné. Fin 2009, les chiffres montrent en effet une hausse des ventes de 2,8 % sur les dix premiers mois de l'année, comparé à 2008 !

Tendance aux unités d'addictologie

Dans ce contexte, où l'on parle désormais des fumeurs «irréductibles», gros consommateurs et fortement dépendants(1), la Société française de tabacologie, qui tenait son congrès à Brest fin novembre, a remis en question la place de la tabacologie dans le champ plus large de l'addictologie. Peut-être davantage pour réaffirmer la spécificité de cette discipline alors que la tendance est à la constitution d'unités d'addictologie en lieu et place des unités de coordination de tabacologie (UCT) dans le cadre du Plan Addictions 2007-2011.

C'est le cas notamment à l'hôpital Jean-Verdier à Bondy. « En 1989, nous avons créé une unité de tabacologie qui a été formalisée en UCT en 2000, puis qui est devenue unité d'addictologie en 2009 », a expliqué le Dr Anne Borgne, addictologue au CHU. Avant d'ajouter : « Les équipes de tabacologie ont tout intérêt à s'intégrer dans la démarche initiée par le Plan Addictions 2007-2011. Une conséquence attendue de cette politique globale d'organisation des soins en addictologie est la prise en compte du tabagisme des patients dont le produit d'appel est autre, ce qui a été longtemps négligé. » (2)

Pourtant, une autre professionnelle de santé constate : « Quand les soignants d'équipe d'addictologie prennent en charge un patient avec un problème d'alcool, ils disent souvent : «on ne va pas l'embêter en plus avec son problème de tabac !» »

Le tabac pris en compte

« La représentation des soignants a changé », estime quant à lui le Dr Henri-Jean Aubin, psychiatre et président de la Société française de tabacologie. « En alcoologie, en psychiatrie aussi, beaucoup de professionnels prennent maintenant en compte la consommation de tabac de leurs patients », a-t-il expliqué.

(1) Selon les études, leur prévalence est entre 5 et 16 %.

(2) Réseau Hôpital Sans Tabac :

Et chez les libérales ?

24 infirmières libérales adhèrent actuellement au réseau Addictions précarité ChampagneArdenne (ADDICA). Au même titre que les autres professionnels, elles peuvent utiliser et alimenter le Dossier patient partagé (DPP) après accord du patient. C'est un dossier addictologique informatisé, placé sur un site Internet sécurisé et comprenant une partie tabacologie. Chaque professionnel peut remplir une partie spécifique à sa spécialité. Outre ce dossier, le dispositif «Coup de pouce» permet une aide financière au traitement nicotinique associée à des consultations non payantes de psychologue et de diététicienne pour les patients en situation de précarité. O.Q.