Une prise en charge - L'Infirmière Libérale Magazine n° 256 du 01/02/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 256 du 01/02/2010

 

SOIGNER L'ENFANT

L'exercice au quotidien

Si toutes les libérales ne souhaitent pas soigner des enfants, Farida, infirmière libérale, s'est quant à elle spécialisée en pédiatrie à Limeil-Brévannes (94). Elle témoigne des joies... et des peines de ce travail.

«La pratique pédiatrique en libéral est très différente des soins aux adultes. Avec les enfants, les soins les plus courants sont les pansements, les dosages de perfusion, les soins après accidents domestiques, les manipulations sur cathéter centraux en oncologie : prise de sang, perfusion, perfusion en nocturne pour nutrition parentérale afin de maintenir l'enfant à domicile.

Il s'agit d'une grosse responsabilité. L'enfant est plus fragile que l'adulte... Il faut avoir suivi une formation aux doses spécifiques de pédiatrie. Comme je suis seule au domicile, sans filet, je dois faire très attention aux doses, aux délivrances de pharmacie, au suivi de prise de médicaments : il faut une traçabilité optimale de la prise en charge. Le surdosage peut être dramatique pour un enfant. Je vérifie donc tout deux fois. Cela demande aussi une relation de confiance avec les pharmaciens.

La prise en charge de la douleur chez l'enfant est également différente : il faut prendre le temps de lui expliquer avant de faire quoi que ce soit. Cela passe beaucoup par le jeu. Par exemple, avant une piqûre, je laisse l'enfant mimer le geste sur moi. Il est important aussi de penser à mettre des crèmes spéciales contre la douleur avant tel ou tel soin.

Psychologiquement, pour l'infirmière, c'est un travail dur. Voir la souffrance des enfants, sans parler de celle des parents, m'est assez difficile... La famille entière est perturbée quand un enfant est malade. Je prends donc aussi beaucoup de temps pour chacun d'entre eux, frères, soeurs et parents... Tout cela demande beaucoup, professionnellement et personnellement. Et je suis seule, je n'ai pas de psy à qui parler.

Heureusement, je peux me confier un peu à mes collègues du laboratoire, quand je vais chercher les résultats d'analyse, et auprès de ceux de l'association de soignants dont je fais partie localement. Je me sens ainsi moins seule.

En raison du temps important et de l'investissement psychologique que demande ce suivi pédiatrique, je suis obligée de me préserver : je me limite en nombre d'enfants. En général, je n'en prends pas plus de trois par jour, toujours l'après-midi, afin d'être plus disponible et de m'adapter à leurs horaires.

Le reste du temps, je travaille donc avec des adultes, au sein de mon cabinet où nous sommes trois libérales. Je suis la spécialiste en pédiatrie mais mes collègues me remplacent auprès des enfants lorsque je suis en congé.

En fait, s'occuper d'enfants n'apporte pas de bénéfice financier : cela demande plus de temps sans pour autant rapporter plus d'argent ! C'est pour cette raison notamment que beaucoup de libérales ne veulent pas le faire. Mais moi, j'aime m'occuper des enfants. Je n'ai pas la même relation avec eux qu'avec les adultes. Je fais même un peu partie de leur famille, quand je les suis sur le long terme... »

Victime d'une injustice, témoin d'une scène qui vous a choqué ou ému dans le cadre de votre exercice professionnel ? Cette rubrique est la vôtre. Écrivez-nous, nous vous recontacterons pour mettre en forme votre témoignage et le faire illustrer.

cmoors@wolters-kluwer.fr

L'Infirmière Libérale Magazine, rubrique «L'exercice au quotidien»

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