L'Infirmière Libérale Magazine n° 257 du 01/03/2010

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

RECHERCHE > La XIVe Conférence des plaies et cicatrisations, qui s'est tenue à Paris du 17 au 19 janvier, aura été l'occasion de faire le point sur les avancées scientifiques du secteur. Grande vedette : la thérapie par pression négative (TPN).

L'ère des études cliniques est officiellement lancée. Lors de la XIVe Conférence des plaies et cicatrisations, Luc Téot, médecin du service des brûlés du CHU de Montpellier, a présenté les grandes lignes de la première étude multicentrique en chirurgie qu'il a coordonnée (cf. encadré) et qui porte sur la TPN, une technique apparue dans les années 1970 et en plein essor depuis une dizaine d'années. Elle doit être remise à la Dhos en février.

Abondante littérature

De son côté, Françoise Guillon, praticienne en chirurgie viscérale au CHU de Montpellier, a été consultée par la Haute Autorité de la santé (HAS) pour évaluer le niveau scientifique de l'abondante littérature traitant de la TPN (en 2009, 530 publications lui ont été consacrées) à l'aide de la grille d'analyse de la médecine factuelle. En effet, la HAS va publier dans le courant de l'année des recommandations au sujet de ce dispositif. L'analyse approfondie des treize études et des quatorze articles sélectionnés pour leur qualité scientifique a conclu que leur niveau de preuves était soit faible, soit moyen, pour cause de suivi trop limité, d'absence d'évaluateurs indépendants et de randomisation insuffisante.

Cette technique* fait pourtant ses preuves dans les services de chirurgie. Franck Duteille, du service des grands brûlés du CHU de Nantes, a rappelé : « La TPN est appelée à devenir une classe thérapeutique à part entière. Mais, pour le moment, cet acte n'est pas encore coté par la Classification commune des actes médicaux (CCAM). » D'où l'intérêt d'études scientifiques de haut niveau.

Des brevets

La conférence a également été l'occasion de présenter les liens entre la recherche fondamentale et l'amélioration du traitement des plaies. Véronique Larreta-Garde, responsable de l'unité EA 1391 du CNRS, a expliqué comment un travail sur les métalloprotéases de la matrice, enzymes surreprésentées dans les plaies chroniques, a permis de modéliser la chaîne complexe d'actions de destruction et de reconstitution de la matrice. Une équation simplifiée a servi à élaborer un gel qui permet de stabiliser le remodelage de cette matrice. Le laboratoire a déposé trois brevets et créé une société privée afin de développer un dispositif utilisant ce gel pour traiter les plaies chroniques.

Cette étude, menée de 2005 à 2009 dans 30 centres*, visait à comparer la TPN avec la cicatrisation dirigée dans le cas de plaies cavitaires et/ou difficiles à cicatriser. Cette étude, qui a bénéficié du support aux thérapies innovatrices coûteuses, conclut sur les effets particulièrement bénéfiques de la TPN en complément d'une opération (en amont ou en aval), notamment pour améliorer le lit de la plaie en vue d'une greffe. La TPN s'avère également particulièrement efficace pour traiter le pied diabétique, même si son coût s'avère de cinq à dix fois plus élevé que celui du traitement par pansement classique.

* Pour plus d'informations sur la TPN, consulter notre Point Sur pages 38-39.

* Soit 1 130 personnes de plus de quinze ans dont la plaie n'avait jamais été traitée par TPN.