L'Infirmière Libérale Magazine n° 258 du 01/04/2010

 

Éditorial

Dans le petit monde des journalistes, il y a ceux que l'on appelle les «bons clients». Toujours dispos, bavards mais pas trop, on peut les joindre à toute heure - ou presque - du jour et de la nuit sans avoir l'impression de les déranger. Alain-Michel Ceretti est de cette race-là : sans faire transparaître aucune lassitude, il a confié à plusieurs générations de journalistes les méandres de l'affaire de la clinique du Sport. Je l'avais rencontré alors qu'il était encore président fondateur du Lien, l'association de patients qui a sorti de l'ombre les infections liées aux soins*. Aujourd'hui, le jugement de la clinique du Sport est tombé (page 16). Les praticiens incriminés feront sans doute appel de la sanction, mais c'est une première victoire contre l'industrialisation des soins pratiqués par certains établissements, qui privilégient le rendement et les ratios financiers au détriment de l'humain. Le contraire de votre quotidien en somme... Hasard du calendrier, un de nos journalistes avait proposé pour la rubrique «La vie des autres» un bilan sur la fonction occupée depuis un an par ledit Ceretti : conseiller santé auprès du médiateur de la République (page 66). Un costume taillé sur mesure pour celui qui a toujours gardé foi en la justice de son pays. Grâce à ses interventions répétées dans les médias, le grand public sait qu'une opération, même bénigne, peut entraîner une infection nosocomiale. C'est le côté obscur de la force. Mais s'il existe un gardien du phare, on connaît au moins déjà son nom.

* L'affaire a été à l'origine d'une nouvelle législation en la matière, notamment avec la loi du 30 décembre 2002 qui reconnaît le droit à l'indemnisation des victimes d'accidents médicaux et d'infections nosocomiales et la création des Clin (Comités de lutte contre les infections nosocomiales).