L'infirmière Libérale Magazine n° 259 du 01/05/2010

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

PRÉVENTION > Si l’utilisation des préservatifs est en hausse globale depuis les années 1980, des inégalités existent entre homme et femme.

Le sous-titre de la 76e rencontre(1) du Crips Île-de-France, Les préservatifs dans tous leurs états, visait à interpeller le public. Les préservatifs n’ont-ils plus la cote ?

Évolution des comportements

Premier constat, délivré par Nathalie Lydié, sociodémographe à l’INPES(2) lors de cette rencontre : l’utilisation du préservatif lors du premier rapport sexuel a largement augmenté. D’après l’enquête “contexte de la sexualité en France” portant sur 12000 personnes, 25 % des femmes utilisaient un préservatif lors de leur premier rapport sexuel sur la période 1980-1984. Depuis 2000, elles sont 84 %. Les hommes sont quant à eux passés de 27 % à 89 % sur les mêmes périodes. Parallèlement, la proportion des femmes qui n’ont rien utilisé comme contraception a fortement chuté, passant de 35 % en 1980-1984 à 7 % depuis 2000. Cette évolution des comportements est importante car l’utilisation d’un préservatif au premier rapport instaure souvent une habitude.

Le premier facteur discriminant par rapport à l’utilisation d’un préservatif est le niveau d’éducation. D’autres facteurs interviennent : si le conjoint est considéré comme le futur conjoint, un âge tardif au premier rapport sexuel (plus de 20 ans), l’absence de dialogue par rapport aux sujets tournant autour de la contraception, un partenaire plus âgé de deux ans au moins.

Autre constat intéressant, car il représente un autre moment clé au niveau préventif, l’utilisation d’un préservatif après une séparation : 89 % des hommes en utilisent un, contre 82 % des femmes de 18 à 24 ans. Les deux sexes dont l’âge se situe entre 35 et 54 ans sont 79 % à adopter le préservatif, mais l’écart se creuse au-delà de 54 ans. Les femmes ne sont plus que 45,6 % à utiliser un préservatif contre 71 % chez les hommes.

Comment expliquer ces différences ?

La négociation du port du préservatif est plus difficile pour une femme que pour un homme. Elles sont plus nombreuses à être confrontées à un refus. Les femmes donnent davantage la priorité à l’engagement affectif plutôt qu’à une gestion rationnelle des risques. Le préservatif féminin pourrait-il diminuer cette vulnérabilité toute féminine ?

(1) Le 23 mars, organisée par le Centre régional d’information et de prévention du sida à Paris.

(2) Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.

Le préservatif féminin : l’avenir ?

En 2008, 28 millions de préservatifs féminins étaient vendus dans le monde, contre 11 milliards de préservatifs masculins. Un packaging plus attractif, un prix moins élevé, une meilleure accessibilité… Ces quelques facteurs permettraient de rendre le préservatif féminin plus attrayant. Contrairement à la gamme de plus en plus large de préservatifs masculins, il n’existe qu’un seul modèle de préservatif féminin. Une offre plus variée pourrait également permettre à davantage de femmes de l’utiliser.