POLITIQUE DE SANTÉ
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GÉRONTOLOGIE > Avec pour thème “Vieillesse et sexualité”, la troisième journée des soignants en gériatrie du Pont du Gard du 25 mars a choisi d’aborder un sujet encore tabou.
« Combien d’entre vous acceptent que des résidents, dans un établissement de gériatrie, aient une relation amoureuse, voire une relation sexuelle ? » interpelle Sylvie Landru, cadre de santé de l’hôpital local d’Uzès, en introduction de la journée. Ce sont les situations problématiques rencontrées par leurs équipes soignantes en gériatrie qui ont suggéré le thème retenu cette année par Denis Bruguier, directeur de l’hôpital local d’Uzès, et Sylvie Landru.
« Notre regard sur la sexualité des seniors est en train de changer. Il y a quelques années, elle était inacceptable ; aujourd’hui, elle est autorisée. Il faudrait que dès demain elle soit souhaitée. »
C’est l’espoir formulé par le professeur Pierre Costa, sexologue et urologue au CHU de Nîmes, président de cette journée. Si l’Organisation mondiale de la santé reconnaît aujourd’hui le concept de santé sexuelle, pour autant le thème choisi « relève d’un défi de soignants qui font voler les tabous, préjugés et idées reçues, qui dénaturent au sens propre les émotions », soulève Marie-Claude Moncet, membre institutionnel du Sidiief
Les organisateurs font le choix d’une approche multidisciplinaire pour chacune des journées. Ainsi les différents participants – médecin généraliste, urologue, endocrinologue, psychiatre, philosophe, mais aussi infirmiers et aides-soignants – éclairent-ils le thème de leur point de vue respectif.
En fin de journée, il s’avérait que ni la physiologie, ni la psychologie ne peuvent empêcher le désir et la sexualité chez les personnes dites âgées.
Les seuls obstacles sont le regard qu’on y porte et la représentation qu’on s’en fait.
* Secrétariat international des infirmiers de l’espace francophone.
Le docteur Annie Ange Vernier, psychiatre au centre hospitalier d’Uzès, met en garde les soignants du regard porté sur les personnes dites âgées, en exposant une théorie du “miroir inversé”. Le “stade du miroir”, développé par Jacques Lacan, est une étape fondamentale permettant à l’enfant de construire son identité puis son estime de lui. Cela est possible grâce au regard positif et encourageant de la mère puis grâce au regard d’autrui. Chez les personnes âgées, les représentations sont trop souvent orientées du côté pathologique ou du côté déficitaire. Cette situation n’apporte peu ou pas de place à la pulsion de vie, encore moins à la sexualité. Ce regard est négatif pour des raisons sociologiques, psychologiques, culturelles, religieuses ou familiales. Il fait prendre conscience à la personne de son âge, de sa vulnérabilité et de l’échéance de la mort. Ce regard ébranle l’identité, fragilise l’estime de soi, renforce le sentiment d’inutilité. Il aboutit à un état dépressif régulièrement sous-estimé. La personne se sent alors rejetée et se replie sur elle-même, car le désir n’est pas autorisé à s’exprimer.