Cahier de formation
Savoir faire
Christiane J., 60 ans, traitée par Sutent® pour un cancer rénal, a peu d’appétit, souffre lors des prises alimentaires et se plaint du mauvais goût et de la mauvaise odeur des plats préparés pourtant « avec amour » par son mari…
Une appréhension des repas peut être liée à des nausées et vomissements, mais aussi à une hypersensibilité olfactive ou à des troubles du goût, majorés par une hyposialie et/ou une infection buccale. Enfin, la prise alimentaire peut être rendue difficile et douloureuse par des mucites. Surveillez bien l’état buccal de Christiane et son poids, et prodiguez-lui des conseils hygiéno-diététiques pour la soulager et prévenir une dénutrition. Une consultation médicale est également nécessaire, le traitement des mucites pouvant faire appel à des bains de bouche au bicarbonate.
→ Insister sur l’importance du bilan dentaire avant l’initiation de traitement.
→ Se brosser les dents en douceur, trois fois par jour, avec une brosse ultra-souple mouillée et un dentifrice indiqué dans les gingivites, se rincer la bouche avec une solution bicarbonatée.
→ Éviter de consommer des aliments acides, épicés, du gruyère ou des noix qui favorisent l’apparition d’aphtes.
→ Éviter les mets trop chauds et les aliments croquants (chips, biscottes, céréales) qui peuvent léser la muqueuse buccale.
→ Sucer des glaçons pour diminuer l’effet local de la chimiothérapie (par vasoconstriction au niveau de la muqueuse buccale).
→ Respecter rigoureusement les protocoles antiémétiques.
→ Proscrire les aliments fortement odorants (choux, oignons, ail).
→ Éviter les plats gras et les fritures (lourds à digérer).
→ Privilégier les repas froids.
→ Fractionner les repas et manger lentement dans le calme.
→ Privilégier la volaille, les œufs et les produits laitiers en cas de dégoût par la viande et le poisson.
→ Insister sur l’importance d’une bonne hydratation par petits volumes (effet émétisant des gros volumes).
→ Consommer des fruits frais.
→ Sucer des bonbons à la menthe pour enlever un éventuel goût métallique et stimuler la salivation.
→ Insister sur l’importance d’une hydratation suffisante : pour prévenir une déshydratation, boire au moins 2litres par jour de boissons chaudes ou froides, sucrées ou salées.
→ Éviter de consommer des aliments riches en fibres et privilégier au contraire des aliments qui ralentissent le transit comme le riz, les pâtes, les compotes de coings et les bananes (qui présentent en plus l’intérêt d’être riches en potassium).
→ Pratiquer, tant que faire se peut, une activité physique, comme la marche à pied.
→ Augmenter l’apport hydrique, le matin boire un verre de jus d’orange pour déclencher le péristaltisme intestinal.
→ Privilégier une alimentation riche en fibres (crudités, légumes verts, céréales complètes).
→ Porter des gants pour jardiner ou bricoler, ne pas marcher pieds nus.
→ Éviter l’exposition au froid.
→ Éviter les endroits très fréquentés et le contact avec un entourage malade.
→ Se laver soigneusement les mains, notamment avant les repas et après avoir été aux toilettes.
→ Assurer une bonne hygiène bucco-dentaire.
→ Bien laver les crudités, bien faire cuire la viande, éviter de consommer des pâtisseries à base de crème, de la mayonnaise, des fromages au lait cru, de la charcuterie à la coupe, des fruits de mer crus.
→ Apprendre aux patients à reconnaître les signes d’une éventuelle infection : hyperthermie, maux de gorge, diarrhées persistantes…
→ Éduquer les patients à respecter le rythme des NFS et à consulter impérativement en cas de fièvre.
→ Utiliser une brosse à dents ultra-souple type Inava®, préalablement mouillée avant le brossage.
→ Pour le rasage, utiliser de préférence un rasoir électrique.
→ Privilégier la prise de température par voie axillaire ou auriculaire, et non rectale pour ne pas risquer de léser la muqueuse ano-rectale.
→ Éviter l’exposition à la chaleur (soleil, douches ou bains très chauds).
→ Éviter les activités qui peuvent être à l’origine d’un traumatisme ou d’un frottement des mains ou des pieds (marche prolongée, lessive à la main, vaisselle…).
→ Éviter le port de chaussettes ou de gants trop serrés.
→ Porter des chaussures confortables et souples.
→ Lorsque des fourmillements ou des engourdissements apparaissent, tremper les mains et les pieds dans de l’eau froide.
→ Appliquer une crème émolliente sur les mains et les pieds.
Pour protéger les ongles, il peut être conseillé l’application de deux couches d’un vernis au silicium, qui, s’il s’écaille, doit être retiré avec un dissolvant sans acétone.
→ Savoir rassurer les patients : l’alopécie est inconstante, éventuellement partielle, mais surtout transitoire et toujours réversible en quelques semaines à quelques mois après l’arrêt du traitement. Les cheveux repoussent à raison de 1 cm par mois.
→ Pour ménager la chevelure, il faut éviter les teintures, décolorations et autres permanentes, se brosser et se shampouiner doucement les cheveux.
→ Il peut être utile d’adopter une coupe courte pour se familiariser avec son futur nouveau visage.
→ Il faut savoir que, si besoin est, la Sécurité sociale alloue un budget de 125 euros pour l’achat d’une prothèse capillaire.
→ Il existe des associations où les patientes apprennent à retrouver leur féminité, à nouer des foulards en turban, à redessiner leurs sourcils grâce à des conseils de maquillage appropriés (cf. Savoir Plus).
→ Pour prévenir la sécheresse cutanée, utiliser un savon surgras pour la toilette et appliquer une crème émolliente après la toilette.
→ Pour prévenir une manifestation de photosensibilisation, proscrire l’exposition au soleil, sortir avec des vêtements couvrants, un chapeau, et appliquer sur le visage un écran solaire total de type minéral.
→ Certains médicaments se conservent au réfrigérateur.
→ Ne jamais écraser ou croquer les comprimés, ni ouvrir les capsules (risque de dispersion dans l’atmosphère et de majoration de la toxicité sur la muqueuse buccale).
→ Mettre des gants pour manipuler des comprimés cassés, éviter de faire manipuler les médicaments par une tierce personne (a fortiori enceinte).
→ Mettre des gants pour manipuler les excreta (urines ou vomissures).
→ Ne pas laisser les médicaments à portée des enfants.
→ Être bien observant du traitement : respecter les modes, rythmes et horaires d’administration, ne jamais doubler une prise pour rattraper un oubli, respecter le calendrier des examens complémentaires et des bilans biologiques. Attention, certains traitements font l’objet de cure (comme la voie parentérale) et sont prescrits par cycles (variables d’une molécule à l’autre)! D’autres, comme le méthotrexate ou la navelbine, s’administrent de façon hebdomadaire. Aussi convient-il d’aider les patients à respecter ces rythmes particuliers d’administration.
→ La pharmacocinétique orale est plus sujette à des variations inter ou intra-individuelles qu’en parentéral : les aliments peuvent interagir avec les anticancéreux, comme les aliments riches en calcium, qui diminuent l’absorption digestive de l’estramustine.
→ Ne pas recourir à l’automédication, en raison des nombreuses interactions médicamenteuses, notamment avec certains médicaments en vente libre : le millepertuis réduit l’efficacité des anticancéreux en potentialisant leur métabolisme hépatique, les anti-acides diminuent les concentrations plasmatiques des inhibiteurs de récepteurs tyrosine-kinases, l’aspirine et les AINS majorent la toxicité hématologique du méthotrexate.
La communication entre les soignants et les patients est ici très importante. La qualité de cette communication suppose de la part de l’infirmier d’être accessible et à l’écoute des patients ainsi que de faire preuve d’empathie (capacité de comprendre l’autre sans partager les mêmes sentiments). Mais l’infirmier doit aussi pouvoir reconnaître ses propres limites et savoir conseiller aux patients le recours à un soutien psychologique, avec une prise en charge individuelle ou en couple en fonction des besoins et des répercussions de la maladie sur la vie familiale.
Mon mari saigne du nez : je lui ai dit de s’asseoir la tête en arrière. Ai-je bien fait ?
C’est bien de l’avoir fait asseoir, mais il ne faut pas mettre la tête en arrière. Pour arrêter un épistaxis, il faut exercer avec l’index une pression sur le haut de l’aile du nez pendant dix minutes, la tête légèrement penchée en avant. On peut utiliser des tampons hémostatiques disponibles en pharmacie, type Coalgan® ou Bloxang®. Par ailleurs, il faut en parler au médecin, car cet épistaxis peut être un signe de thrombopénie.
« Par cette relation, elle est à même de dépister les perturbations socio-économiques (isolement social, problèmes financiers…), de dépister les perturbations de la dynamique familiale et un éventuel burn-out de l’entourage. Elle joue un rôle de soutien, non seulement du patient, mais aussi des aidants naturels, et aide à concrétiser des projets de vie, comme un départ en vacances, l’entrée en jeu de bénévoles… »