Maison de santé
L’exercice au quotidien
Depuis 2005, Marie-Françoise Métais exerce à la maison de santé de Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre). Une formule que cette infirmière libérale juge sécurisante. Et que ses patients apprécient.
« Après avoir travaillé en clinique aux urgences, j’ai passé un an dans une maison de retraite auprès de malades d’Alzheimer. Une activité enrichissante mais pas assez dynamique à mon goût. Une infirmière libérale m’a alors proposé de la remplacer durant son congé de maternité. Et après six mois d’exercice, il n’était plus question pour moi de revenir en arrière ! En 2005, la maison de santé de Saint-Amand-en-Puisaye s’est montée et, avec ma collègue, nous nous sommes lancées dans l’aventure.
Ce mode de fonctionnement apporte du confort. Nous bénéficions ainsi de locaux beaucoup plus vastes qu’à l’ancien cabinet et plus respectueux des patients. La sécurité aussi y est accrue : c’est vraiment “action-réaction”. S’il y a le moindre souci avec un patient suivi à la maison de santé, il est très facile de demander au médecin de venir. Même en visite à domicile, le contact s’effectue très vite. Cette souplesse est rassurante pour tout le monde. Nous avons également la chance d’être en contact avec des professionnels variés –dentiste, kinésithérapeute, podologue, sage-femme, ergothérapeute, orthophoniste, psychologue, diététicienne…–puisqu’ils exercent sur place. Du coup, lorsqu’un patient a besoin de soins spécifiques, nous pouvons facilement l’orienter. Par ailleurs, les patients viennent sans problème dans les locaux. Et nous n’hésitons pas à leur demander de se déplacer quand cela est possible. Autrefois, au cabinet, nous tenions deux permanences par semaine ;ici, nous en organisons quatre. Les patients y trouvent leur compte, d’autant qu’ils peuvent enchaîner des rendez-vous avec différents professionnels.
À la maison de santé, les échanges informels sont fréquents, notamment entre infirmières et médecins, mais il y a aussi des réunions régulières, pour aborder le cas d’un patient par exemple. En outre, une fois par mois, on se rassemble tous. Grâce à certaines subventions, ces réunions sont aujourd’hui indemnisées. Et tout le monde touche la même chose. Cela me paraît normal puisqu’il s’agit du bon fonctionnement de la structure et de la prise en compte du patient. »
Dr Patrick Vuattoux, secrétaire de la Fédération française des maisons et pôles de santé
« La collaboration multiprofessionnelle augmente la qualité des soins, cela a été évalué. Les maisons de santé ont donc une carte à jouer, mais à condition de supprimer certains obstacles. Le premier a trait au dossier médical. Il faut avancer sur la question de son partage, qui ne fait pas l’unanimité. Le second découle de la difficulté qu’ont les infirmiers libéraux à lever le nez du guidon. Ils gagnent mieux leur vie en exerçant à domicile que dans la structure, et leur nomenclature n’est pas facilitante. Or forger la coopération, aller au-delà de l’échange informel d’avis, prend du temps et ne peut être bénévole. Les heures consacrées aux réunions, aux dossiers et à l’établissement de protocoles multiprofessionnels doivent être indemnisés. Quant à l’acte en cabinet, il est à revaloriser. »