le débat
Éternel débat entre professionnels de la santé : les thérapeutiques qui empruntent d’autres voies que celles de la médecine traditionnelle sont-elles fiables ? Dans l’ouvrage paru en mai chez Mordicus, sous le titre polémique L’homéopathie est-elle une escroquerie ?
médecin généraliste et directeur du Centre d’enseignement et de développement de l’homéopathie (CEDH), auteur de nombreux ouvrages relatifs à l’homéopathie
C’est une thérapeutique parmi d’autres qui permet d’aider le praticien à résoudre les multiples problèmes qu’il rencontre au quotidien. En plus de son efficacité, l’homéopathie limite également les effets indésirables d’autres thérapeutiques. Et elle fournit une bonne prise en charge de terrain dans le traitement de nombreuses maladies récidivantes.
Je préconise l’homéopathie en première intention dans toutes les maladies infectieuses virales, dans les troubles fonctionnels et anxieux. Je l’utilise aussi en complément des traitements classiques des infections plus sévères ou des maladies allergiques pour prévenir les récidives. Enfin, je la recommande en complément dans le traitement de pathologies lourdes, notamment en cancérologie, cardiologie ou pour les hépatites chroniques. Cela permet d’atténuer les effets indésirables des traitements indispensables de ces affections.
D’une part, pour les états anxieux mineurs, les médicaments homéopathiques permettent un soulagement rapide et sans risque, tout en évitant la prescription d’anxiolytiques aux effets indésirables non négligeables. D’autre part, pour les affections ORL chroniques, les médicaments homéopathiques montrent régulièrement leur efficacité sur chaque épisode, mais permettent aussi une diminution nette des récidives. Chaque hiver, cela représente 40 % de nos consultations ! On voit en effet des enfants qui ont déjà reçu huit ou dix traitements antibiotiques en un an, sans pour autant que le problème soit réglé… En somme, il n’existe pas de traitement classique pour les récidives de rhinopharyngite. L’étude conduite il y a environ cinq ans par l’équipe du Pr Dubreuil à Lyon confirme cette observation quotidienne des médecins praticiens.
chargé de cours d’économie et gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers, pour le déremboursement des produits homéopathiques
Il s’agit d’une approche diagnostique et thérapeutique fondée sur une théorie élaborée à partir des connaissances d’il y a deux siècles, inchangée depuis, et n’ayant pas pris en compte les découvertes réalisées depuis lors : immunologiques, génétiques, biologiques, physiopathologiques, pharmacologiques, etc. Elle débouche sur des médicaments à effet uniquement placebo, donc réel étant donné que cet effet existe. Ceci, grâce à un passe-droit juridique dispensant les laboratoires qui les commercialisent de fournir des études démontrant que leur effet est lié à leur composition et supérieur à celui de l’effet placebo associé à tout médicament. Cette obligation est pourtant impérative pour obtenir une autorisation de mise sur le marché.
Cela revient à se demander : dans quel cas faut-il prescrire un placebo, l’homéopathie ou autre ? À mon avis, ces cas devraient être très limités, réservés aux malades pour lesquels il est inutile de prescrire quoi que ce soit, du fait de l’innocuité de leur maladie qui guérira spontanément, alors que tout vrai médicament a toujours des effets secondaires ; à ceux qui se trouvent dans des situations au-delà de tout recours thérapeutique, pour leur montrer que la médecine ne les oublie pas ; ceux dont il faut respecter une fenêtre thérapeutique lors d’un changement de médicament et trop anxieux à l’idée de ne plus être traités pendant un certain temps. C’est aussi envisageable pour les personnes atteintes de maladies ou de symptômes psychosomatiques pour lesquels l’usage de psychotropes est disproportionné ; ceux qui sont résistants aux traitements habituels ; ou ceux pour lesquels la prescription d’un médicament semble présenter plus d’inconvénients que d’avantages. Le choix du placebo doit se faire en fonction des croyances du malade, en évitant ceux qui sont inutilement chers. Avantage certain de l’homéopathie, dont un seul granulé par jour suffit largement.
Psoriasis, verrues plantaires, douleurs chroniques, prurits, insomnies légères, petits passages dépressifs n’allant pas jusqu’à une vraie dépression, etc.
*L’homéopathie est-elle une escroquerie ? Élie Arié, Jacques Boulet. Éditions Mordicus, 112 pages, 10,90 euros.