Éditorial
Plus tôt que prévu, certaines couleurs ont disparu du petit écran de la Coupe du Monde de football. Las, tous les regards se tournent maintenant vers le ciel, et cet été qui n’en finit pas de jouer les divas.
La mode étant un éternel recommencement, le bleu à l’âme est descendu, sans attendre, sur celles et ceux qui s’occupent des victimes d’addiction.
C’est justement ce grand événement sportif qui a amené nos députés à accélérer le mouvement pour libéraliser les paris en ligne.
Le “sport” a décidément bon dos.
Certes, on pouvait être accro aux jeux d’argent avant la déréglementation. Mais moins facilement, et sûrement pas 24 heures sur 24. Travailleurs sociaux, psychologues, personnel soignant des centres de consultations pour joueurs addictifs, l’État pense à vous : vous travaillerez davantage pour aider les nouveaux malades à gérer leur dernière addiction. Puisqu’il faut bien trouver un vainqueur, ce seront les caisses de l’État.
On a tendance à oublier l’autre sens de “bleu”. Il s’agit du dernier arrivé, l’inexpérimenté, celui qui débarque et dont les idées ne brillent pas d’intelligence. Avant de dire que la légalisation des paris en ligne serait de celles-là, laissons sa chance au produit. Bien heureusement, la palette des bleus ne manque pas de nuances.
* En France, plus de 600 000 personnes, soit 1 % de la population, sont considérées comme des joueurs pathologiques. C’est deux à trois fois moins, en proportion, que nos voisins américains qui, eux, ont toujours prôné la non-réglementation (lire l’étude Jeux de hasard et d’argent réalisée en 2008 et publiée sur le site de l’Inserm).