PRÉVENTION DANS L’OISE (60)
Actualité
« Médecine foraine », « concurrence déloyale », « non-respect de la confidentialité des données médicales »… Le bus santé prévention Picardie
Lancé sur les routes de l’Aisne et de la Somme à l’automne 2009, avec la bénédiction de l’Union régional des caisses d’assurance maladie (Urcam), de l’ex-agence régionale de l’hospitalisation (devenue ARS) et des deux conseils départementaux de l’Ordre des médecins, le bus n’a pu franchir les frontières de l’Oise où il était pourtant attendu fin mai. La direction ordinale fait barrageaux motifs que le dispositif créé une concurrence déloyale et ne fait pas honneur à la pratique médicale en déambulant sur les routes comme le font bouchers et boulangers de campagne…
On reste baba devant ces arguments puisque le bus sillonne des territoires dépourvus de médecins libéraux, cette région étant la moins bien dotée en la matière. Une réalité qui se lit aussi dans les indicateurs de santé, les trois départements picards connaissant une surmortalité significative par rapport à la moyenne nationale.
À bord du bus, aucun acte médical mais des consultations de prévention. Et, à la moindre anomalie, le patient est réorienté vers un médecin de ville. Les données personnelles et médicales, stockées sur un support informatique, sont uniquement consultables – avec l’accord de la personne – par un médecin traitant.
À l’origine du concept bus santé, le Pr Guy Vallancien ne décolère pas. « La réaction du conseil de l’Oise dénote d’un arriérisme et n’exprime que la volonté de nuire à l’évolution de la médecine. C’est lamentable. Quant aux infirmières qui participent au dispositif, elles sont formées à la prévention et font un boulot formidable », tempête-t-il. Michel Lambert, médecin qui a participé à la première campagne du bus dans l’Aisne, n’en pense pas moins. « C’est du mauvais esprit. Lorsque j’ai assuré des vacations dans le bus santé, je n’ai pas eu la sensation d’être un charlatan ! », déclare-t-il. Et de conclure : « Évidemment, le bus n’est pas là pour faire concurrence aux confrères, puisqu’il ne se déploie que dans des villages de moins de 450 habitants, totalement défavorisés en termes d’offre de soins de santé et de prévention. » Allez, chers médecins de l’Oise, ne vous trompez pas de combat…
* Lire notre rubrique Initiatives parue dans l’ILM n° 260 daté de juin.