L'infirmière Libérale Magazine n° 261 du 01/07/2010

 

Cahier de formation

Savoir

Face à une femme en détresse, tout professionnel de santé doit être capable d’orienter sans juger vers les structures compétentes. En post-IVG, le rôle de l’infirmière libérale reste limité mais il est amené à se renforcer avec le développement des protocoles à domicile. Il consiste essentiellement à surveiller et évaluer les éventuels effets indésirables et à guider le choix d’une contraception régulière, efficace et adaptée à chacune.

Virginie a 20 ans. Après quinze jours de retard, elle vient de faire son test : positif. Une grossesse qui n’est pas au programme. Elle s’est renseignée sur les IVG par Internet mais elle panique et ne comprend rien. Certains sites sont pour, d’autres contre : elle ne sait plus quoi penser.

Dites-lui que la décision, parfois difficile, ne revient qu’à elle, et qu’elle peut pour cela se faire aider. Orientez-la rapidement vers un centre de planification familiale ou une ligne d’écoute régionale où des professionnels sauront lui donner une information fiable, sans la juger. Sur Internet, conseillez-lui des sites de référence.

CONSULTER RAPIDEMENT

Que la femme ait déjà fait son choix ou non, une consultation médicale rapide est nécessaire. Il s’agit de l’aider à choisir la solution qui lui convient en toute connaissance de cause ou même débuter les entretiens préalables à l’interruption de grossesse le plus vite possible.

Elle peut consulter :

 un médecin généraliste ;

 un gynécologue ;

 un médecin consultant dans un centre de planification et d’éducation familial (cf. partie Savoir plus p. 39);

 un médecin consultant dans un établissement d’information, de consultation et de conseil familial : il s’agit de structures agréées présentes dans chaque département, généralement des associations comme le mouvement français pour le planning familial ou des centres d’information des femmes et des familles (CIF-CIDF).

SE RENSEIGNER SUR INTERNET

Attention aux sites Internet ! Certains sites, sous couvert d’une présentation très officielle avec numéro vert d’écoute anonyme, sont pilotés par des associations anti-IVG ou “pro-vie”. Les informations qu’ils fournissent aux femmes en situation de détresse ne sont pas forcément impartiales. Et puisqu’ils ressemblent à s’y méprendre aux sites institutionnels en matière de santé, nombreuses sont les femmes qui reçoivent une information tronquée. Il est nécessaire d’orienter les femmes vers les sites de référence ministériels (cf. partie Savoir plus p. 39).

Point de vue…
« Je préfère parler d’entretien informatif que psychologique »

Évelyne Choisel, conseillère conjugale et familiale au centre de planification Flora Tristan au CHU d’Angers (49)

« L’entretien psychosocial est primordial pour le psychisme des femmes. Mais je préfère parler d’entretien informatif que psychologique. Dans notre centre, on propose systématiquement cette entrevue avec une conseillère conjugale avant l’intervention. Pour les rassurer, leur expliquer ce qui va se passer et clarifier si besoin ce qu’elles veulent vraiment. Face aux dictats de la société qui les culpabilisent, on leur donne le droit de dire “non, je n’en veux pas”. Ce moment est essentiel et, même s’il n’est plus obligatoire, chez nous, quasiment toutes les femmes suivent l’entretien. Elles ont besoin de parole même si ce n’est pas toujours exprimé. C’est là aussi qu’on dépiste une fragilité préexistante et la nécessité d’un suivi. Les femmes maltraitées par un personnel qui ne serait pas à l’écoute sont les plus à risque de traumatismes post-IVG. »