Cahier de formation
Savoir
Les effets ressentis après une intervention chirurgicale sont principalement des crampes douloureuses similaires à des douleurs de règles et des saignements dont l’abondance varie d’une femme à l’autre. En majorité, ces saignements s’apparentent à des règles “normales” pendant quatre à sept jours puis ils continuent par petites pertes pendant deux à trois semaines. Dans certains cas, il arrive qu’ils soient quasi nuls.
Après une intervention et jusqu’à la consultation de contrôle, quelques précautions sont nécessaires :
Des douleurs pelviennes modérées, des nausées, des vomissements, une diarrhée, une fatigue, des céphalées et des éruptions cutanées allergiques peuvent survenir. Des métrorragies (saignements) d’abondance comparable à celle des règles durent pendant neuf à dix jours, parfois jusqu’à douze jours. Plus rarement, des malaises, bouffées de chaleur, vertiges, frissons et fièvre sont également rapportés.
Quelquefois, les saignements peuvent être abondants, accompagnés de caillots et de douleurs de règles. Exceptionnellement, l’œuf peut déjà être évacué à ce stade. Mais la présence et l’abondance des saignements ne permettent pas de savoir si la grossesse est arrêtée. Il faut donc continuer impérativement le protocole.
En cas de vomissement dans les deux heures suivant la prise de mifépristone chez le médecin, contacter le médecin pour renouveler la prise.
Les contractions utérines provoquent l’expulsion de l’œuf. Quelques heures après la prise, surviennent des saignements plus abondants que les règles et chargés de caillots qui durent pendant 2 à 4 heures. Ils s’accompagnent de douleurs abdominales qui nécessitent la prise d’un antalgique dans plus de 50 % des cas. Des nauseés, vomissements, diarrhées, bouffées de chaleur, vertiges, céphalées, hypotension et frissons sont également observés.
La médicalisation de l’IVG a considérablement réduit la fréquence des complications qui sont devenues rares. Le taux global de l’ensemble des complications immédiates est estimé à 0,7 %. Le risque semble néanmoins augmenter avec l’âge gestationnel au moment de l’intervention, notamment après douze semaines.
La mortalité a été réduite en conséquence : estimée à 332 en 1963 en France, le nombre de décès en lien avec un avortement oscille actuellement selon les années entre 0 et 2.
Les études disponibles ne distinguent pas toujours les complications des IVG chirurgicales de celles des IVG médicamenteuses. Il ressort cependant que la méthode médicamenteuse génère des taux d’échecs et d’hémorragies plus élevés. Elle est en revanche dépourvue de risques traumatiques sur le col ou l’utérus.
Le taux d’hémorragies sévères est faible : il est évalué à environ 1,5 pour mille interruptions. Et ce, d’autant plus que la grossesse est récente. Dans certains cas, l’hémorragie nécessite une transfusion ou un curetage hémostatique. En général, dans les IVG chirurgicales, elles apparaissent dans l’heure suivant l’intervention. Quand elles surviennent quelques jours après l’intervention, elles peuvent être le signe d’une infection ou d’une rétention placentaire.
Les infections post-abortum sont des complications relativement fréquentes : de l’ordre de 5 à 10 % pour les IVG chirurgicales et moins de 5 % pour les IVG médicamenteuses. Il s’agit le plus souvent d’une infection par les germes du vagin, favorisée par l’ouverture du col et l’éventuelle persistance de débris placentaires ou de caillots. Ces infections sont cliniquement similaires à toute infection génitale, allant d’une simple fièvre à une endométrite (écoulement malodorant, douleurs, fièvre). Salpingites, abcès ovariens, péritonite et septicémies sont plus rares. L’antibioprophyllaxie systématique n’est pas justifiée, sauf chez les femmes à haut risque infectieux : antécédents connus d’infection génitale haute ou de cardiopathies. Quand un risque d’infection sexuellement transmissible existe, un prélèvement vaginal est proposé avant l’intervention à la recherche notamment de Chlamydiae, suivi si besoin d’un traitement antibiotique des deux partenaires.
Sous le terme d’échec sont regroupées les grossesses évolutives et les rétentions ovulaires qui, dans tous les cas, nécessitent une nouvelle intervention chirurgicale.
Les taux d’échecs pour une IVG chirurgicale sont moindre, estimés à 2,3 pour mille interventions. Avec un risque accru pour les femmes multipares et les âges gestationnels inférieurs à sept semaines.
Les taux d’échecs de la méthode médicamenteuse ayant conduit à une aspiration chirurgicale secondaire sont évalués à 2,5 %.
Les déchirures du col utérin au cours de l’intervention sont des complications rares qui touchent moins de 1 % des cas. Les études, encore insuffisantes, semblent démontrer que les déchirures cervicales pourraient être diminuées par une préparation du col avec l’administration d’analogue des prostaglandines. L’âge gestationnel précoce et l’entraînement de l’opérateur au geste sont également des facteurs limitant ce risque.
Le taux de perforations utérines lors de l’IVG est de un à quatre pour mille. Il dépend là aussi de l’âge de la grossesse, de l’entraînement de l’opérateur au geste et certainement de la préparation du col.
En l’état des connaissances actuelles, il ne semble pas qu’une IVG puisse avoir des conséquences à long terme sur la fertilité et les grossesses futures.
Les conséquences psychologiques, quant à elle, bien plus fréquentes, restent sous-évaluées.
Une femme qui choisit de subir une IVG ne semble pas plus exposée qu’une autre au risque de fausse couche future, hormis dans les trois mois suivant immédiatement l’IVG, où le risque semble augmenté, et ce, quelle que soit la technique.
Aucune augmentation du risque d’infertilité n’a été constatée chez les femmes qui ont subi une IVG dans des conditions médicales appropriées.
L’effet des interruptions de grossesse sur le risque ultérieur de prématurité est controversé, certaines études mettant en évidence une association, d’autres pas.
Le traumatisme psychique, dont l’impact manque d’études d’envergure, varie énormément selon le vécu de la patiente, sa prise en charge et le déroulement de l’intervention. C’est de toute façon une épreuve. Mais il est communément admis que les conséquences psychologiques sont peu nombreuses chez les femmes en bonne santé psychique et correctement entourées. Les femmes qui souffrent d’un trouble psychologique ou psychiatrique préexistant présentent en revanche un risque élevé de traumatisme post-IVG et devraient être suivies (cf. Points de vue page précédente et ci-dessous).
Suite à l’IVG, en présence de tout symptôme anormal :
En cas d’inquiétude, quelle que soit sa nature, et si l’on éprouve des difficultés psychologiques à surmonter cette épreuve.
Entre 14 à 21 jours après l’intervention, pour la visite de contrôle obligatoire pour vérifier l’absence de complication et l’interruption de la grossesse.
Soit le service du centre de santé, soit le médecin de ville qui a pratiqué l’intervention. Pour les interventions en ville, on peut également se rendre au centre avec lequel une convention a été établie en début de protocole. Dans ce cas, prendre la fiche de liaison. Si besoin, demander un soutien auprès du psychologue du centre médical ou dans un centre de planification familiale.
« La peur de regretter l’IVG est souvent exprimée avant l’intervention, mais rarement après. Les témoignages en ce sens sont maintes fois repris dans les médias : on présente toujours l’IVG comme un traumatisme important avec des séquelles imparables. Sans banaliser cet acte et après que leur décision est prise, on leur rappelle que la vie est une succession de décisions, qu’il faut toujours laisser de côté quelque chose ou quelqu’un. Qu’on a des regrets pour beaucoup d’autres choix et qu’il faut se rappeler : “J’ai fait ce choix en telle année, en telle situation.” »