Anne Macquet, sage-femme ostéopathe à Auch (32)
La vie des autres
Sage-femme à l’expérience variée, acquise par-delà les frontières hexagonales, Anne Macquet a ajouté une deuxième corde à son arc : l’ostéopathie. Elle propose depuis cinq ans une approche globale à sa clientèle majoritairement composée de femmes enceintes et de bébés. Des compétences qu’elle entend bien partager avec les autres professionnels.
Rue Marceau, dans le quartier historique de la capitale gasconne, Anne Macquet exerce une double activité atypique : ostéopathe sage-femme. « Il y a cinq ans, j’ai obtenu mon diplôme d’ostéopathe DO [docteur en ostéopathie], mais j’exerce en tant que sage-femme depuis dix-huit ans, dont dix en libéral. »
La poigne solide et le sourire accueillant, Anne possède une détermination certaine à l’égard de tout ce qu’elle entreprend. Dès les premiers mois de sa jeune carrière, la curiosité l’amène à explorer les méthodes suisses, où les désirs et le bien-être de la mère priment : chaise Roma, accouchement en piscine… Puis elle s’envole vers la Polynésie : « Les grandes multipares y sont courantes, commente la sage-femme. Les pathologies étaient plus nombreuses, tels le diabète, le RAA (rhumatisme articulaire aigu) avec son lot de cardiopathie ou les présentations dystociques et les hémorragies… Le rythme était aussi plus intense. » Sur le terrain, elle développe son sens de l’observation : « L’attitude du corps apporte son lot d’informations, la posture pouvant signaler une pathologie, remarque la spécialiste. En Polynésie, la péridurale est d’usage médical et non de confort comme en France où neuf femmes sur dix y ont recours. Dommage car avec cette intervention, la femme devient passive. »
Finalement, elle pose ses valises dans le Gers, en 1997. Mais, très vite, la libérale en a « marre de dire “ça va passer madame”, alors qu’une future mère souffrait par exemple de mal de dos. » Elle se lasse de l’enchaînement “péri-syntho”. D’autre part, le suivi physiologique et l’écoute ne lui suffisent plus. « La vidange utérine ne m’intéresse pas, ajoute-t-elle avec une pointe de sarcasme. Le manque d’outils m’a alors décidé à étudier l’ostéopathie. Parallèlement à mon activité de sage-femme, je me suis formée sur Toulouse à partir de 1999. »
Cette spécialité représente aujourd’hui jusqu’à la moitié de son activité professionnelle. Sa collègue et associée assure la préparation à la naissance des futures mères et Anne Macquet se charge du suivi médical de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum. « Il arrive que je soulage les patientes par ostéopathie au cours de la gestation pour des problèmes de sciatique, de reflux gastriques ou de contractions prématurées », signale-t-elle.
La frontière entre les deux compétences est parfois subtile, notamment au moment de l’accouchement : « Cela m’a donné une vision interne de ce qui se passe, analyse-t-elle. Lors d’un toucher vaginal, je teste les tissus et les réactions du bébé bien plus que je ne mesure la dilatation du col de l’utérus. J’amorce parfois un dialogue avec le bébé. Lorsqu’il tarde à sortir, je lui propose la césarienne ou lui donne un délai avant d’intervenir. »
Anne Macquet pratique les accouchements en plateau technique à la maternité de l’hôpital de Auch : « Dans les limites de la physiologie, j’y ai une liberté d’action totale. Les femmes peuvent se mettre dans la position qu’elles veulent. Je ne pose pas forcément une voie veineuse ni un monitorage continu. Mais je peux être très médicale et protocolaire quand c’est nécessaire. Par exemple, lorsque l’accouchement est à terme plus six jours, je déclenche. Je connais très bien mes patientes, mais je reste toujours humble devant l’acte : il n’y a de certitude qu’une fois qu’il est fini. »
Pour l’ostéopathie, si tous les cas ont droit de cité au cabinet, les femmes enceintes et les bébés prédominent. De plus, ses collègues du Gers n’hésitent pas à les diriger vers elle. Mais il s’agit d’un échange de bons procédés. « Être sage-femme me permet d’éviter d’éventuelles erreurs qui peuvent devenir dramatiques, insiste-t-elle. Une fois, une patiente à cinq mois de grossesse est venue pour des douleurs dans le bas du dos, mais, au moulage du ventre, j’ai tout de suite compris qu’elle était en train d’expulser… » L’ostéopathie permet aussi de rééquilibrer le corps des jeunes mères – « des femmes en kit » comme Anne Macquet les surnomme –, de soulager les pieds, la cicatrice d’une césarienne… Et pour les bébés, coliques, régurgitations, otites séreuses ou troubles du sommeil y trouvent une solution.
À ce stade de sa carrière, la sage-femme ostéopathe envisage de franchir un pas de plus grâce à la transmission de son expérience : « Je me suis inscrite à l’Association pour le développement de la connaissance obstétricale
* Plus d’infos sur le site www.adco-sages-femmes.com.
* Plus d’infos sur le site des ostéopathes de France www.osteofrance.com.
« Les infirmières libérales n’ont pas du tout le même public que moi. De fait, j’ai plus de points communs avec les infirmières puéricultrices. Les libérales interviennent plutôt auprès des personnes âgées qui, même si ma porte leur est ouverte, sont rares au cabinet. En revanche, nous utilisons nous aussi la cotation infirmière, ce qui est d’ailleurs parfois source de tensions… Ainsi, durant plusieurs années, la collègue avec laquelle je partage mon cabinet a exercé des soins infirmiers en parallèle de son activité de sage-femme libérale, pour compléter. Elle en a retenu une expérience très positive au niveau humain. »
L’ostéopathie
Via la Grande-Bretagne, au début du siècle dernier, l’ostéopathie fait son entrée en Europe. En France, à partir de 1950, essentiellement grâce aux kinésithérapeutes formés outre-Manche, ce soin commence à être pratiqué. Seulement, il faut attendre le 4 octobre 2001 pour que l’Assemblée nationale adopte un texte reconnaissant la discipline. Aujourd’hui, les étudiants peuvent suivre directement après le bac une formation à l’ostéopathie de six années.