Éditorial
Il y aurait les régimes miracles, crêtois et japonais. Les vertus de la régularité de l’exercice physique et de l’entretien de la mémoire. Sur le papier, cela a l’air simple de bien vieillir. Oui, on en connaît tous, de ces fringantes octogénaires qui n’ont pas assez de leurs journées pour faire tous ce qu’elles ont à faire. Mais on croise davantage de personnes qui, passé le décès du conjoint et sonnée l’heure de la retraite, s’ennuient. Un ennui profond, pas comme celui des enfants un jour de pluie. Celui-là ne résiste pas à un bon dessin animé. N’en déplaise à Nora Berra, notre secrétaire d’État chargée des Aînés, qui prône la domotique au service du bien vieillir (cf. p. 22): contre l’ennui de la vieillesse, il n’y a que les liens sociaux old school, à l’ancienne, qui puissent s’avérer d’une quelconque utilité. Des propos qu’on échange, une main qu’on prend dans la sienne, un repas partagé. De quelle utilité se parent la télévision lorsque les yeux ont trop vu, le téléphone quand les oreilles ont trop entendu, le clavier d’ordinateur lorsque les doigts sont raides d’avoir trop porté ? Las, on n’élève pas des enfants dans le but d’en faire les visiteurs de nos vieux jours… Les amis vieillissent aussi, le voisinage change. Heureusement, de nouvelles rencontres restent possibles : une aide-ménagère sympathique, un infirmier qui profite d’être dans le quartier pour voir comment vous vous portez. Pas de bon ou mauvais karma, tant qu’on est sur cette terre. Plus qu’un poids lourd dans notre système de financement des retraites, il suffirait peut-être de considérer les aînés comme partie prenante de notre société pour trouver la clef du bien vieillir. Mais cela impose plus de bouleversements que la pratique de la gym suédoise…