Cahier de formation
LE POINT SUR
Les cicatrices hypertrophiques et les cicatrices chéloïdes font partie des cicatrices pathologiques. L’application de pansements en gel de silicone ou en polyuréthane, notamment, permet de les atténuer.
Une cicatrice résulte d’un traumatisme exercé sur la peau. Si la lésion atteint le derme, la cicatrice sera indélébile et définitive. Lors du processus de cicatrisation, plusieurs étapes se succèdent au cours desquelles interviennent en particulier les fibroblastes, à l’origine de la synthèse des fibres de collagène (qui permettent la reconstitution du derme), et les kératinocytes qui assurent la réparation de l’épiderme. L’ensemble du processus est très long : l’aspect extérieur d’une cicatrice peut ainsi évoluer pendant environ deux ans. En règle générale, au-delà de deux ans, on parle d’une cicatrice ancienne ou mâture. À terme, si le processus de cicatrisation est correct, la cicatrice a tendance à devenir plane et discrète.
Un excès de cicatrisation, avec production excessive de collagène et organisation anarchique des fibres de collagène, peut parfois conduire à une cicatrice hypertrophique ou chéloïde.
→ La cicatrice hypertrophique se caractérise par une phase inflammatoire plus longue et plus intense que la normale : au cours de la phase inflammatoire la cicatrice est rouge, chaude, surélevée, plus ou moins douloureuse et prurigineuse. La cicatrice reste située dans les limites de la lésion d’origine. Elle tend à régresser avec le temps (au bout de 18 mois à 2 ans) mais les séquelles peuvent être plus importantes que dans le cas d’une cicatrice normale.
→ La cicatrice chéloïde est également une cicatrice rouge et boursouflée, souvent douloureuse, mais qui s’étend en volume au-delà de la lésion initiale et peut continuer à grossir durant des années. Elle ne régresse jamais spontanément vers une cicatrice normale. Cette cicatrice peut apparaître dans les suites d’une blessure domestique, d’une incision chirurgicale (césarienne…), dans les suites de brûlures, etc.
Certains facteurs favorisent le développement de ce type de cicatrices pathologiques :
→ le type de peau : les asiatiques et les personnes à peaux noires ou mates sont plus à risque de développer ces cicatrices ;
→ certains groupes HLA (Human Leucocyte Antigen) ;
→ l’âge : la cicatrisation chez l’enfant est plus rapide, d’où un risque plus fréquent dévolution vers l’hypertrophie ;
→ l’imprégnation hormonale : la grossesse comme la puberté sont des périodes à risque ;
→ certaines zones érogènes du corps : les cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes se développent plus facilement au niveau du décolleté, des épaules, de la nuque, du lobe de l’oreille.
Le fait de masser et d’hydrater une cicatrice récente (tant qu’elle est rouge et inflammatoire) améliore son évolution. Le fait de compresser la cicatrice permet de contrôler son évolution (en évitant un épaississement ou un élargissement de la cicatrice). La compression peut se faire par l’intermédiaire de pansements en gel de silicone ou en polyuréthane. La pressothérapie (vêtements compressifs) est recommandée dans le traitement préventif des cicatrices de brûlures profondes.
→ Massages et hydrothérapies (douches filiformes dans les cures thermales) sont utilisés dans les cicatrices hypertrophiques étendues.
→ Les corticoïdes en intralésionnel (Kenacort® Retard) sont indiqués dans les cicatrices constituées chéloïdes datant d’au moins deux ans. Ils sont souvent associés aux mesures de compression (pressothérapie ou pansements).
→ Autres : le laser (associé aux autres traitements : corticoïdes, compression…), la cryothérapie, la chirurgie (également associée à une compression et à des injections de corticoïdes) et en dernier recours la radiothérapie.
Ces pansements se présentent sous la forme de plaques ou de gels, en silicone ou en polyuréthane. Ces dispositifs accélèrent et optimisent la maturation de la cicatrice. Les pansements en particulier exercent une pression sur la cicatrice qui limite la production excessive des fibres de collagène et optimise leur remodelage. Aucun de ces pansements n’est remboursé.
À titre préventif, ces pansements sont indiqués dès que la cicatrice est refermée (et que les points de suture apparents éventuels ont été enlevés). En curatif, ils permettent d’atténuer une cicatrice hypertrophique ou chéloïde déjà constituée (diminution de l’aspect rosé et bombé). Dans tous les cas, une durée d’au moins deux mois de traitement est nécessaire.
Pour être efficace, les gels ou les plaques doivent être appliqués sur la cicatrice et son pourtour (environ 1 cm de part et d’autre) pendant au moins 12 heures consécutives par jour. Certains fabricants recommandent même idéalement un port 24 heures sur 24. Le pansement (ou le gel) se change (ou se réapplique) tous les jours sur une peau propre et sèche. Dans cet intervalle, la cicatrice est nettoyée, massée. Les pansements peuvent être découpés. En cas de cicatrice importante, plusieurs pansements peuvent être placés côte à côte.
Des rougeurs et des irritations cutanées peuvent apparaître en début de traitement. Il faut alors conseiller de réduire le temps d’application puis de l’augmenter progressivement en fonction de la tolérance.
Ces pansements ne doivent jamais être appliqués sur une plaie ouverte ni sur les muqueuses. Par précaution, ils sont contre-indiqués chez les enfants de moins de 2 ou 3 ans (risque d’ingestion pour les plaques, présence d’alcool dans les gels). Ils peuvent être conseillés aux femmes enceintes.
→ Ne jamais exposer une cicatrice récente (moins de deux ans) au soleil (protection solaire élevée et/ou vêtements couvrants).
→ Éviter les frottements au niveau de la cicatrice (vêtements…) et les mouvements pouvant provoquer une tension sur la cicatrice.
→ Il est aussi possible de masquer une cicatrice par un maquillage couvrant (une fois la cicatrice bien sèche) ou de se maquiller par-dessus un gel ou une plaque de silicone transparente.