Corinne Cosseron, fondatrice de l’École internationale du rire à Frontignan (34)
La vie des autres
Voilà dix ans, Corinne Cosseron a choisi le rire comme mode de vie pour son bonheur et celui des autres. La rigologie a ensuite gagné les bancs de l’école. Une discipline de bien-être adoptée de plus en plus par le secteur de la santé et même enseignée dans certains Ifsi.
« À 40 ans, j’en ai eu assez d’attendre le week-end pour faire ce qui me plaisait, de dépenser l’argent que j’avais passé à gagner pendant la semaine, retrace Corinne Cosseron. Mais après avoir fait le bilan de ce que j’avais vraiment envie de faire, le résultat n’était a priori pas très encourageant : faire la fête avec les copains, de bonnes rigolades… » Toujours est-il que la journaliste parisienne quitte la capitale avec mari et enfants pour s’installer en 2000 à Frontignan, dans l’Hérault. « Et qu’est-ce que j’allais faire ? Organisatrice de mariages ? Non. Plutôt faire rire et rire avec les gens… » Ce qu’elle met rapidement en place avec un petit groupe sur la plage de Frontignan.
Après s’être formée au yoga du rire
Il y a vingt ans, Corinne Cosseron a obtenu un diplôme universitaire en psychologie. « Mais c’était un chemin qui passait par trop de tristesse. Le but de la rigologie est le mieux-être, tel un accélérateur de thérapie. » Depuis, Corinne Cosseron a rencontré la psychologie positive, révélateur de potentiel, à laquelle elle s’est formée aux États-Unis.
La rigologie correspond à une forme d’hygiène de vie mentale, physique et émotionnelle. Fondé sur les techniques corporelles et psychologiques du yoga du rire, son concept se nourrit d’exercices courts, ludiques et efficaces – du clown, de la sophrologie, des exercices d’improvisation, des apports d’arts martiaux et autres techniques orientales. « Les séances de club de rire
Grâce au bouche-à-oreille, les clubs se sont multipliés et se sont organisés en réseau. L’école forme des animateurs grâce à des stages de deux jours. Certains vont plus loin et deviennent rigologues, des professionnels formés à l’utilisation thérapeutique du rire. Un cursus de deux ans leur est proposé comme complément à leur bagage thérapeutique. « Le corps aurait besoin de dix à quinze minutes de rire par jour alors que nous nous en permettons à peine cinq. » Le milieu de l’entreprise n’y échappe pas : « Dernièrement, c’était dans le secteur bancaire international. Après une conférence sur l’utilité du rire – moins d’arrêts maladie, meilleures dispositions au travail… –, les travaux pratiques ont suivi jusqu’au soir où tout le monde a fini couché sur le sol. » Même si, en général, les universitaires français trouvent cette nouvelle discipline un peu légère, le milieu des praticiens observe et approuve.
(1) www.yogadurirefrance.org et Le Yoga du rire pour tous de Corinne Cosseron et Linda Leclerc, à paraître en 2011.
(2) www.ecolederire.org et Psychosomatique du rire de Henri Rubinstein aux éditions Robert Laffont (2003).
(3) www.clubderire.org et Remettre du rire dans sa vie, la rigologie mode d’emploi de Corinne Cosseron aux éditions Robert Laffont (2009).
« J’interviens dans les Ifsi, trop peu et trop tard dans le cursus, en troisième année. À mon avis, les formateurs eux-mêmes devraient s’initier à la rigologie. À leur sortie, les infirmières sont jeunes et mal préparées à la gestion du stress et aux émotions auxquels elles sont particulièrement exposées. La rigologie leur propose un savoir-être et une joie juste. J’ai beaucoup d’admiration pour les infirmières libérales et l’attention qu’elles portent aux autres sur un rythme qui n’est pas toujours évident. D’après ce que j’ai entendu, elles ont besoin de bouffées d’oxygène. Leurs besoins passent fréquemment après ceux des patients et des familles. Ainsi, une infirmière essaie souvent la rigologie par curiosité, pour elle-même, puis la deuxième fois pour ses patients… Les infirmières doivent apprendre, non pas à s’armer d’un bouclier face à la douleur, mais à s’ancrer à des choses essentielles. Le rire est un outil. »
Dans les années 1960, Norman Cousins, atteint d’une maladie arthritique très douloureuse, considérée comme irréversible, guérit : grâce à la pensée positive et le rire, après six mois de traitement à base de films comiques et de grandes quantités de vitamine C, il se serait complètement rétabli.
Au début des années 1980, le Dr Patch Adams, habillé en clown, utilise le rire et l’humour comme instrument thérapeutique. En France, actuellement, des services pédiatriques, notamment d’oncologie, font appel à cette démarche par le biais des associations Le Rire médecin, Docteur clown, Le regard du clown, Zygomatic…
En 2003, à l’université de Stanford (Californie), les chercheurs ont constaté grâce à l’IRM qu’un fou rire active les mêmes structures cérébrales qu’une injection de cocaïne.