L’hygiène de l’intérieur - L'Infirmière Libérale Magazine n° 264 du 01/11/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 264 du 01/11/2010

 

PRATIQUE ALTERNATIVE

L’exercice au quotidien

Depuis 2007, Roseline Debeffe exerce une deuxième activité de soins issue des médecines alternatives et complémentaires : l’hydrothérapie du côlon. Une démarche avec laquelle elle espère faire des émules.

« En tant qu’infirmière, j’ai toujours été plus intéressée par la prévention que par la thérapeutique. Par le soin traditionnel, on installe la personne dans la maladie plutôt que de favoriser une prise de conscience de son mal : soigner, autrement dit “soi-nier”. Il me manquait une vision globale du patient.

À titre personnel, j’ai eu recours à l’irrigation du côlon, ce qui m’a orientée vers cette technique. J’ai donc suivi cinq jours de formation auprès de l’association Axiomes. Après avoir retracé l’historique de l’irrigation du côlon, un médecin et une infirmière dispensent les principes théoriques et décrivent les indications concernées – constipation, flatulence, parasitose… Pour finir, on apprend le maniement de l’appareil et des techniques de massage du ventre. Cette pratique hygiénique et préventive permet de rééquilibrer l’organisme en rétablissant le péristaltisme intestinal ébranlé par le stress, la pollution ou la malbouffe.

Il y a trois ans, je me suis installée dans le Couserans (09), à Rimont. J’exerce à mi-temps l’irrigation du côlon, une activité non remboursée. Infirmière libérale le reste du temps, je reste en contact avec les médecins, ce qui me permet de faire connaître l’irrigation du côlon, assez atypique dans ce coin de l’Ariège. Aujourd’hui, je travaille en partenariat avec les médecins homéopathes, les ostéopathes et les naturopathes.

La technique, inspirée du lavement de nos grands-mères, est simple. J’utilise du matériel stérile et un appareil totalement sécurisé qui répond aux normes hospitalières en vigueur. On organise un entretien préalable avec le patient pour rechercher d’éventuelles contre-indications. Je recommande généralement une cure de trois séances d’une heure, au cours desquelles il peut y avoir des remontées émotionnelles – tension, colère, regret… L’intestin est notre deuxième cerveau en tant que système nerveux entérique. Finalement, afin de rétablir la flore intestinale, pré – et probiotiques sont indiqués ainsi que des conseils alimentaires et d’hygiène de vie. L’irrigation du côlon agit véritablement sur le capital santé et mérite d’être mieux connue. »

Avis de l’expert

« Valider par des tests objectifs »

Dr Michel Geffard, fondateur de l’Institut pour le développement de la recherche en pathologie humaine et thérapeutique de Bordeaux (33)

« L’hydrothérapie du côlon me paraît indiquée dans certains cas, notamment de constipation chronique. Mais seule, je ne pense pas qu’elle puisse résoudre les problèmes. Il y a d’ailleurs des médications indispensables à donner après l’hydrothérapie du côlon : la prise de probiotiques et de certains composés reconstitutifs de la muqueuse. Décrier les médecines alternatives va à l’encontre de l’intérêt du malade, mais, parallèlement, il faut chercher à valider ces pratiques par des tests objectifs. J’ai déjà proposé à plusieurs confrères de faire une évaluation par des tests sériques de dosages d’IgA anti-antigènes bactériens qui permettent d’apprécier la reconstitution de la muqueuse et du fonctionnement intestinal. Le dosage avant et après serait un bon moyen objectif de démontrer l’intérêt de cette technique. »

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