Cahier de formation
Savoir faire
Mme G. est enceinte. Elle ne comprend pas qu’on lui augmente le traitement de son hypothyroïdie alors qu’elle était bien équilibrée jusqu’à présent.
Vous lui expliquez que la grossesse augmente les besoins en hormones thyroïdiennes de la mère. Il faut anticiper cette situation par l’augmentation d’un tiers de la dose d’hormone thyroïdienne dès le retard des règles et la confirmation du test de grossesse.
Environ 2 % des femmes enceintes ont une hypothyroïdie souvent discrète. Trois causes de carence hormonale peuvent être répertoriées :
→ un mécanisme auto-immun avec une hypothyroïdie modérée ;
→ une carence en iode modérée ou sévère ;
→ une hypothyroïdie connue et précédant la grossesse.
La clinique n’est pas évidente car les signes de l’hypothyroïdie se confondent avec les manifestations d’une grossesse : fatigue, constipation, prise de poids… Une bradycardie peut être évocatrice. La biologie, avec une augmentation de la TSH, pose le diagnostic.
→ Hypertension artérielle.
→ Prééclampsie.
→ Avortements prématurés.
→ Fausses couches.
→ Anémie.
→ Hémorragie du post-partum.
Dans ce cas, il est recommandé d’augmenter de 30 % l’apport en hormones thyroïdiennes dès la confirmation de la grossesse. Un contrôle du taux de TSH est effectué après 6 semaines et la posologie sera adaptée si nécessaire.
Le traitement substitutif à base de lévothyroxine est rapidement instauré à une posologie de 1,8 à 2,2 µg/kg/j, supérieure à celle utilisée en l’absence de grossesse (posologie moyenne hors grossesse : 1,7 µg/kg/j). La TSH sera contrôlée au bout de 6 semaines et la posologie réévaluée si nécessaire. La surveillance sera maintenue pendant la grossesse.
Les risques d’une hypothyroïdie induite par la mère (1 pour 100 000 naissances) sont plus rares que les hypothyroïdies néonatales dues à un développement anormal de la glande thyroïde (1 pour 4 000 naissances). Celles-ci sont dépistées par la mesure systématique de la TSH sur papier buvard vers le troisième ou le quatrième jour après la naissance. L’hypothyroïdie fœtale induite par la mère peut être permanente ou transitoire (elle disparaît alors après la naissance).
Un déficit en hormones thyroïdiennes peut entraîner un petit poids à la naissance et/ou un déficit intellectuel plus ou moins sévère. Une carence iodée sévère durant la grossesse provoque des retards mentaux causés par des dysfonctionnements thyroïdiens chez le fœtus.
« Actuellement, on ne pratique pas de dosage systématique de la TSH chez les femmes enceintes. En revanche, ce dosage est recommandé chez toutes les femmes à risque de maladie de la thyroïde (ayant des antécédents personnels ou familiaux). Il faut néanmoins favoriser la charge en iode. Elle est faible en France, de l’ordre de 80 à 100 µg/jour. Les besoins sont pourtant de 200 à 250 µg/jour au cours de la grossesse. Il est bon de recommander des suppléments nutritionnels, des préparations contenant du fer de la vitamine D mais également de l’iode (en général 150 µg).