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« Le secteur libéral a été relativement désorganisé. » De l’aveu même du ministère de la Santé, interrogé début novembre, les Idel ont eu du mal à assurer normalement leurs tournées durant ces deux derniers mois. Et pour cause : selon les chiffres officiels, jusqu’à 30 % des stations-service étaient à sec dans certaines zones, situées essentiellement dans l’Ouest et en Île-de-France.
Mi-octobre, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) sonnait le tocsin. Dans un communiqué, il évaluait à « au moins 17 » le nombre de départements touchés. Dans la foulée, d’autres institutions ont également interpellé les autorités, comme l’indique le ministère de la Santé, en l’occurrence la Fédération nationale infirmière, le Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgée (Synerpa) ou encore la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad).
La situation aux pompes aurait pu, d’après le Sniil, entraver « l’accès aux soins des patients suivis à domicile ». Sur le terrain, les difficultés se sont d’ailleurs fait sentir. « Dès le week-end des 16 et 17 octobre, nous avons reçu des appels signalant le problème, témoigne Karim Maméri, président du Conseil départemental de l’Ordre infirmier (CDOI) de Seine-Maritime. J’ai eu le cas d’une infirmière qui a dû finir sa tournée à pied. » Ballottés entre agences régionales de santé et préfectures, les élus ordinaux n’ont obtenu aucune réquisition de station mais, par endroits, la mise en place de files d’attente prioritaires. Reste que le caducée ne suffisait pas pour bénéficier d’une priorité… Les véhicules d’urgence balisés étaient les seuls concernés.
Au bout du compte, si aucun incident ne semble constaté, la gestion de la crise laisse songeur. En atteste le président du CDOI de Paris, Thierry Amouroux, qui compte bien « dresser un bilan » et interpeller le directeur de l’ARS à ce propos. Pour sa part, le ministère de la Santé prévoit aussi un retour d’expérience sur le sujet mais relativise d’ores et déjà. « Nous étions en situation de tension. Ce n’était pas une pénurie », assure en effet le cabinet de Roselyne Bachelot, qui se félicite en outre d’une « très bonne transmission de l’information entre les ARS et les préfectures pour trouver des solutions aux situations potentiellement graves ».