POLITIQUE DE SANTÉ
Actualité
RECOMMANDATIONS > Face aux 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations annuelles, le plan national de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles 2010-2014 adapte les stratégies de prévention et privilégie le dépistage et le traitement précoce.
Toute personne âgée de 14 à 70 ans devrait faire le test de dépistage du VIH au moins une fois dans sa vie. Cette recommandation de la Haute Autorité de santé, présentée dans le rapport dirigé par le Pr Patrick Yéni, a servi de base à la réalisation du plan sida du ministère de la Santé. Ce dépistage étendu à la population générale et ne se limitant pas aux groupes dits "à risque" sera proposé par les médecins traitants et pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Pour banaliser le test du VIH et réduire les coûts, les médecins seront donc incités à proposer le dépistage à l’occasion d’une consultation ou d’un autre bilan sanguin.
Le plan accorde une attention particulière à des populations vulnérables et exposées au risque d’infection au VIH (migrants, usagers de drogue…).
Particulièrement concernés, les hommes ayant des rapports avec les hommes représentent 40 à 50 % des nouveaux cas annuels. À l’égard de ces populations, les centres de dépistage communautaires sont présentés comme un dispositif de proximité, complémentaire des structures existantes. Avec l’étude Com’test, des volontaires de l’association Aides ont été formés au test de dépistage rapide du VIH et l’ont proposé aux hommes homosexuels, majeurs, dans les locaux de l’association.
C’était la première fois qu’un test était proposé dans un lieu non médicalisé en France. Le Pr Yaspandanah, du centre hospitalier de Tourcoing, coordonnateur de l’étude, estime que « le dépistage a été bien accepté et a montré sa faisabilité ». Il pense « intéressant de le proposer à d’autres populations, aux migrants, par exemple ».
L’autre changement notable des recommandations émises en 2010 concerne l’élargissement des indications du traitement antirétroviral.
Il doit être dorénavant proposé à tout patient ayant un nombre de lymphocytes CD4 inférieur à 500/mm3 au lieu du taux de CD4 inférieur à 350/mm3 préconisé jusqu’à présent. Outre de meilleurs résultats thérapeutiques pour le patient traité précocement, le rapport Yéni suggère « que le traitement antirétroviral pourrait constituer un outil performant de réduction du risque de transmission du VIH ». Des études auraient démontré une réduction de la transmission du VIH chez les patients traités ayant une charge virale plasmatique indétectable.
Au début de l’épidémie du sida, l’absence de vaccin et de traitement avait orienté la prévention vers la réduction du nombre de partenaires sexuels et l’utilisation du préservatif. L’efficacité des nouveaux médicaments permet aujourd’hui de promouvoir le dépistage et le traitement précoces de l’infection au VIH.
Toutefois, à l’instar d’Alain Giami, directeur de recherche à l’Inserm, qui craint que « le développement de ces méthodes [ne soit] perçu comme une incitation à se débarrasser des préservatifs », les spécialistes rappellent que les bons résultats sont obtenus dans des conditions très précises et que le risque de transmission du VIH reste élevé, malgré le traitement.
À ce propos, l’usage du préservatif reste toujours une recommandation du nouveau plan sida.
C’est la réserve émise par le Conseil national du sida (CNS), consulté sur le plan sida 2010-2014. Les rapporteurs du CNS sont satisfaits par l’élargissement du test du VIH à la population générale mais regrettent le manque de déclinaison opérationnelle concernant l’information, la mobilisation et la formation des professionnels de santé, en particulier des médecins généralistes. Or cette mesure, qui veut passer de 5 millions de tests annuels aux 40 millions espérés, requière une mobilisation sans précédent, à la fois des professionnels de santé et de la population.