Cahier de formation
Savoir faire
Madame T., 74 ans, parkinsonienne depuis douze ans, actuellement traitée par Sifrol et Modopar, n’est pas allée à la selle depuis trois jours. Pour résoudre ce problème, sa fille se propose d’aller acheter de la gelée Lansoÿl à la pharmacie : elle vous demande si c’est une bonne idée.
Non ! Les laxatifs lubrifiants doivent être utilisés avec la plus grande prudence chez les parkinsoniens, en raison d’un risque de pneumopathie lipoïde d’inhalation.Vous recommandez à la fille de Mme T. de demander l’avis du pharmacien : ce dernier conseillera un laxatif osmotique ou un laxatif rectal.
Observés surtout en début de traitement par agonistes dopaminergiques ou L-dopa, ils régressent généralement en 6 à 8 semaines par un phénomène de tachyphylaxie (diminution progressive des effets indésirables d’une substance lorsqu’elle est administrée de façon successive et rapprochée). Il n’y a donc pas lieu d’utiliser d’anti-émétiques de façon prolongée. Par ailleurs, les anti-émétiques antagonistes dopaminergiques (Primpéran, Vogalène) sont des “neuroleptiques cachés” et ne doivent pas être utilisés chez le parkinsonien (risque de syndrome parkinsonien iatrogène et antagonisme avec les antiparkinsoniens dopaminergiques). Seule la dompéridone (Motilium), qui ne franchit pas la BHE et qui n’agit pas au niveau central, peut être utilisée chez le parkinsonien.
Les problèmes de constipation concernent 70 % des patients parkinsoniens. Les laxatifs à base d’huile de paraffine, comme Lansoÿl ou Lubentyl, ne sont pas conseillés chez le patient parkinsonien, lequel souffre de troubles de déglutition. En effet, ces laxatifs exposent le patient à un risque d’inhalation bronchique d’huile de paraffine et de pneumopathie lipoïde, en cas de fausses routes. Il est préférable de recourir à un laxatif osmotique (Duphalac ou Forlax), qui crée un appel d’eau dans la lumière intestinale, ou encore, pour déclencher un réflexe de défécation, à un laxatif rectal type Microlax, mais dont l’utilisation doit rester ponctuelle.
Chez un patient parkinsonien, potentiellement dénutri, et souffrant éventuellement d’hypotrophie musculaire, on évitera dans la mesure du possible le recours aux benzodiazépines, qui peuvent induire des hypotonies musculaires.
Les hallucinations sont difficiles à traiter, car elles nécessiteraient de recourir à des neuroleptiques, qui sont contre-indiqués avec les agonistes dopaminergiques. On privilégiera donc une adaptation du traitement anti-parkinsonien : arrêt des traitements anticholinergiques qui induisent une confusion, préférer la dopathérapie, mieux tolérée, aux agonistes dopaminergiques. Si nécessaire, on fera appel à un antipsychotique, qui n’exerce qu’une très faible activité antagoniste dopaminergique au niveau du locus niger : la clozapine (Leponex). Cependant, sa forte toxicité hématologique (risque d’agranulocytose) impose une surveillance régulière : une NFS doit être pratiquée avant mise sous traitement, puis une fois par semaine pendant les 18 premières semaines de traitement, et au moins une fois par mois ensuite. Si les leucocytes sont inférieurs à 3 000/mm3, le traitement doit être interrompu.
Exelon (rivastigmine, médicament indiqué dans le traitement de la maladie d’Alzheimer) possède une AMM dans le traitement symptomatique des démences légères à modérées chez les patients parkinsoniens.
Il fait appel aux antidépresseurs inhibiteurs de recapture de la sérotonine ( type Séropram, Séroplex), qui sont les antidépresseurs les plus efficaces et les mieux tolérés chez le sujet âgé ; ou encore aux antidépresseurs d’action duale, inhibant la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (type Ixel).
Il peut faire appel à la fludrocortisone (réservée à l’usage hospitalier) ou à des sympathomimétiques comme la midodrine (Gutron), indiquée dans l’hypotension orthostatique sévère survenant dans le cadre de maladies neurologiques dégénératives.
Il peut recourir aux anticholinergiques urinaires comme Ditropan (oxybutinine) qui diminuent l’hypercontractilité vésicale, mais ces derniers additionnent leurs effets indésirables atropiniques à ceux des antiparkinsoniens anticholinergiques. Minirin (desmopressine) peut être utilisé dans le traitement de la pollakiurie nocturne, chez les patients de moins de 65 ans (risque d’hyponatrémie, source de confusion chez les plus de 65 ans).
Sont utilisés le paracétamol ou les AINS. Prudence avec les antalgiques opiacés qui peuvent majorer les problèmes de constipation, et attention plus particulièrement au tramadol, qui est contre-indiqué avec les IMAOB !
Phlébites et embolies pulmonaires peuvent nécessiter l’instauration d’un traitement anticoagulant.
« La maladie de Parkinson, c’est bien autre chose que le tremblement », témoignage de Paul, extrait du Livre blanc (cf. page 47)
« Il y a des choses dont on ne parle pas. On ne parle pas de la bave, mais on bave : le matin, quand on se lève, l’oreiller est marqué. On est constipé. La constipation des parkinsoniens, c’est une heure à trois heures sur les WC. C’est l’hôpital au bout parce qu’il y a une hémorragie. Tout cela, c’est bien autre chose qu’un tremblement. C’est tout le corps qui est touché. »