L'infirmière Libérale Magazine n° 266 du 01/01/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

DISCRIMINATION > À l’heure où l’égalité des chances devient un concept à la mode, les femmes semblent encore laissées pour compte en termes d’accès aux soins. Un colloque et un rapport du conseil économique viennent appuyer cet état de fait.

Quarante ans après le Mouvement de libération des femmes, ces dernières restent encore sur la touche. Sur le plan sanitaire, elles ne bénéficient pas des mêmes chances que les hommes. En témoigne ce colloque organisé le 19 novembre à Marseille par l’organisation non gouvernementale Santé Sud. Tour à tour, chaque intervenant a ainsi énuméré les problématiques encore existantes, notamment dans l’hémisphère Sud.

Les limites

Le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est ainsi parfois inapplicable. « Il est possible d’y avoir accès mais un mouvement populaire tend actuellement à limiter ce droit », estime Christiane Giraud, représentante de l’Union régionale des médecins libéraux Paca. Ce que confirme l’avis rendu par l’assemblée parlementaire européenne le 6 octobre dernier concernant l’accès des femmes à des soins médicaux légaux.

S’ajoute un autre phénomène : celui de considérer la femme uniquement à travers sa maternité. Symbole du genre, la protection maternelle et infantile (PMI) revêt des vertus saluées par l’ensemble des intervenants. Ne serait-ce qu’en termes de prévention. Elle cantonne cependant la femme dans un contexte bien précis, au risque d’oublier d’autres aspects de sa prise en charge.

Au sud du Nord

La violence, essentiellement au sein du couple, reste cruciale dans ce domaine. « En moyenne, une femme décède tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint », déplore Esther Fouchier, fondatrice de l’association Forum Femmes Méditerranée.

Pauvreté, éducation parfois lacunaire, inégalité par rapport aux hommes dans le monde du travail, grossesses non désirées… Les facteurs de vulnérabilité subis par les femmes ne manquent pas, selon Dominique Spérandeo, gynécologue et membre du Corevih (Comité de coordination régionale de la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine) de Paca : « On retrouve certaines carences présentes dans les pays Sud, ici, au sud du Nord ». D’autant plus lorsque les femmes concernées sont séropositives ou étrangères.

La santé des femmes étudiée à la loupe

Le rapport relatif à la santé des femmes présenté par Dominique Hénon en 2010* confirme ce que les acteurs de terrain observent. Certes, selon cette étude, la gente féminine vit toujours plus longtemps que les hommes, avec une espérance de vie de 84,9 ans pour les unes contre 77,6 ans pour les seconds. Mais les femmes n’en demeurent pas moins vulnérables sur le plan sanitaire, en particulier parmi les seniors. Anxiété et stress au travail sont ainsi pointés, risque accru de subir des violences également, ainsi qu’un renoncement au soin par manque de temps ou d’argent. Par ailleurs, les traitements spécifiques aux femmes font l’objet de rares recherches. Ce qui « peut avoir des conséquences dramatiques en termes de mortalité », commente l’auteur qui s’appuie sur une étude portant sur la prise en charge de l’infarctus en Franche-Comté.

M.D.

* La santé des femmes - Avis et rapports du Conseil économique, social et environnemental. Éditions des Journaux officiels. Année 2010, n° 16.