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CONNAISSANCE > La pratique des soins psychiatriques en libéral permet une prise en charge adaptée qui valorise les compétences infirmières et semble faire ses preuves. Mais elle reste très insuffisamment prise en compte par la Nomenclature.
Philippe Sarlat, qui s’est spécialisé en soins psychiatriques au sein d’un cabinet “mixte” à Tarbes, a présenté le fruit de son expérience au cours du Salon infirmier (cf. photo). Il a souligné l’importance du contrôle de la prise des médicaments. Pour cela, une méthode est à observer : commencer par administrer le traitement puis réaliser l’entretien infirmier, ce qui laisse le temps de s’assurer que le traitement est bien absorbé après le départ de l’infirmier.
Philippe Sarlat a insisté sur l’importance du lien avec le patient et de l’entretien infirmier, qui permettent le travail de réhabilitation, avec des objectifs précis, le renforcement de la motivation, l’éducation à la maladie et l’aide à la reconstruction du Moi. Le regard de l’infirmier, sa présence régulière sont fondamentaux dans la prise en charge.
Cette prise en charge globale, psychologique, somatique et sociale a fait ses preuves. Dans la clientèle de Philippe Sarlat, constituée d’une cinquantaine de personnes, neuf patients, dont certains souffraient de pathologies très lourdes, ont pu reprendre une vie sociale et/ou professionnelle.
L’Idel a insisté sur l’importance de confier cette prise en charge à des infirmiers expérimentés en psychiatrie, disposant des connaissances nécessaires sur les pathologies et d’une expérience conséquente en service de psychiatrie : « Il faut savoir communiquer de façon adaptée avec les patients, être en mesure de désamorcer une crise d’angoisse, tout en conservant une attitude neutre et empathique. Et, bien sûr, sentir venir les signes d’une décompensation et en alerter le médecin prescripteur. »
C’est d’ailleurs pour mettre en valeur ce travail de coordination que Philippe Sarlat échafaude un projet de coopération avec d’autres professionnels de santé libéraux. Sept psychiatres, un médecin généraliste et trois infirmiers pourraient y participer. Actuellement entre les mains des délégués territoriaux, ce projet sera ensuite examiné par la Haute autorité de santé. Sa réalisation devrait nécessiter un transfert de compétences médicales.
Dans la Nomenclature générale des actes professionnels, seul l’article10 des soins de pratique courante évoque explicitement les soins psychiatriques, avec l’« administration et la surveillance d’une thérapeutique orale au domicile des patients », classée en AMI1. Cependant, l’article11, qui concerne les « soins infirmiers à domicile pour un patient, quel que soit son âge, en situation de dépendance temporaire ou permanente » peut s’appliquer aux personnes souffrant de pathologies psychiatriques.
Les actes relevant de cet article sont classés en AIS 3 et doivent être cotés globalement. Ce qui pose un problème de facturation, étant donné l’imprévisibilité de l’évolution des pathologies psychiatriques. Les séances comprises dans l’article 11 ont une durée d’une demi-heure. Philippe Sarlat effectue a posteriori un rééquilibrage prenant en compte le temps effectivement passé auprès du patient, ce qui occasionne des incompréhensions de la Caisse d’Assurance maladie
Pour faciliter la pratique des soins infirmiers à domicile en psychiatrie, l’infirmier tarbais propose une évolution de la Nomenclature. Il s’agirait notamment de prendre en compte les réunions avec les partenaires de santé, le travail de coordination et de transmission, et de permettre une rémunération au forfait prenant en compte la difficulté de la prise en charge.
* À l’heure où nous bouclons le magazine, les infirmiers libéraux s’organisent dans les Hautes-Pyrénées pour défendre le droit d’accès aux soins pour les malades psychiques suivis dans le secteur privé. Plus d’infos et pétition numérique à signer sur infirmier-psy-liberal.com.