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RAPPORT > Les maisons de santé interdisciplinaires, une réponse aux défis sanitaires de demain ? C’est ce que pense Guy Vallancien, professeur et correspondant de l’Académie de médecine, l’un des auteurs du rapport remis il y a un an au ministère de la Santé.
Remis en janvier 2010, le rapport insistait sur la nécessité de faciliter le montage juridique et financier des maisons de santé. « Actuellement, explique Guy Vallancien, il faut créer des sociétés civiles de moyens, immobilières, puis des sociétés civiles de fait pour répartir salaires ou honoraires. C’est très compliqué, les professionnels n’ont pas le temps pour tout cela, sans compter toutes les autorisations à obtenir des différentes agences. » Ni la recherche de fond, qui se fait auprès de multiples collectivités.
Le rapport remis aux ministères propose un statut juridique adapté pour les maisons de santé et la mise en place d’un guichet et d’une caisse unique dans les Agences régionales de santé. Si celles-ci doivent jouer leur rôle d’arbitrage et d’harmonisation, l’initiative doit rester entre les mains des professionnels : « Ce sont eux qui connaissent les besoins des bassins de population, commente le professeur Vallancien. Quand les élus décident, en général, ça ne marche pas. Les professionnels se rebiffent et on a vu des maisons de santé rester vides. »
Un autre ingrédient indispensable est bien entendu la bonne entente des professionnels, fondée sur le respect. L’auteur du rapport a noté l’enthousiasme des jeunes médecins pour ces structures : « Leur demande est d’ailleurs beaucoup plus forte que celle des infirmières. Elles ont peur de tomber sous la coupe des médecins. À mon sens, il n’y a aucune raison que cela arrive. »
Un autre élément freinerait les libérales : la diminution des indemnités kilométriques en maison de santé. Selon le professeur Vallancien, des aménagements sont envisageables (temps partiel, négociations avec les instances de financement). Quant à la rémunération des professionnels, on se dirige vers un système mixte : « À la fois au forfait et au salaire pour une partie d’organisation de réunions, de tâches administratives et de non-soin, comme la formation. Et puis une partie à l’acte, parce que c’est motivant. » Ces modes de rémunérations doivent être discutés en interne, avec la possibilité de la mise en place d’un règlement intérieur.
Les maisons de santé devront aller vers les gens, là où ils se trouvent, et pourquoi pas s’installer sur les zones commerciales. Selon l’auteur du rapport, « avec le développement du master, tout sera amené à changer. On demandera aux infirmières de passer de village en village avec des bus santé, équipés d’un cabinet. Il y aura de quoi faire des pansements, des soins, un relais télématique, et de quoi effectuer les examens de base, à envoyer aux spécialistes. »
Le terme de maison de santé recouvre actuellement des réalités très variées, ces structures pouvant regrouper de deux à une trentaine de professionnels. Une des propositions phares du rapport de janvier 2010 est la mise en place d’un “label maison de santé”. En voici les points principaux :
→ assurer la permanence des soins : prévoir une astreinte de nuit au portable, ou un relais vers le Samu ;
→ avoir des amplitudes horaires suffisantes : recevoir à des heures adaptées aux besoins de la population locale ;
→ assurer les petites urgences pour dégager les urgences hospitalières ;
→ disposer d’un dossier médical commun ;
→ universitariser : les maisons de santé ont pour vocation d’être des lieux de stage les étudiants infirmiers et médecins. Dans cette perspective, une solution de logement doit être prévue (à l’intérieur de la maison ou à proximité).