POLITIQUE DE SANTÉ
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RÉFLEXION > Quelques jours avant la date anniversaire de la loi du 4 mars 2002 s’est tenu à Paris un colloque “fin(s) de vie” rassemblant juristes, médecins, philosophes et anthropologue. Reconnaissant des progrès en matière de fin de vie depuis sa propre loi de 2002, Bernard Kouchner ne trouve toutefois pas que des avantages à la loi Leonetti.
« On continue de mal mourir en France », a constaté en ouverture d’un colloque pluridisciplinaire sur la fin de vie
Lucas Morin, de l’Observatoire national de la fin de vie, a pointé « l’absence de données sur le nombre de personnes qui, chaque année, auraient eu besoin d’une prise en charge simple ou lourde en fin de vie ». De même, si l’on est aujourd’hui en mesure de comptabiliser le nombre de séjours, le nombre de lits et d’équipes mobiles déployés en soins paliatifs, « c’est sans prendre en compte les médecins et les paramédicaux exerçant en ville, en maisons de retraite ou en HAD et qui ont parfois les compétences nécessaires ». Les aides étant distribuées en fonction “d’évaluations”, Lucas Morin a invité à s’interroger sur les bases de calcul.
Si les besoins des malades restent méconnus, leurs droits le semblent tout autant. Une opinion partagée par le Pr Jean-Claude Ameisen, saisi au titre de membre du Comité consultatif national d’éthique, lorsque Jean Leonetti a mené l’an dernier une mission d’évaluation pour remédier à “la méconnaissance des textes”
La mort, cette “finitude”, est difficile à appréhender dans les équipes de soignants. Patrick Vespieren, responsable du département d’éthique biomédicale de la faculté jésuite de Paris, invite d’ailleurs à préférer la « concertation dans l’équipe médicale au consensus. Le médecin n’a pas à se décharger sur l’infirmière ou l’aide-soignante… ». Imaginer que « l’équipe qui a pris en charge la personne en curatif soit la même que celle qui assure le palliatif, afin de pouvoir dire “on est avec vous, on continue” » est le rêve de Thierry Petit, chef du département d’oncologie médicale au centre de lutte contre le cancer Paul Strauss. Mais combien d’organisations et de personnels suffisamment formés sont en mesure de l’appliquer ?
(1) “Fin(s) de vie”, organisé à Paris le 1er mars, à l’initiative de la fondation d’entreprise Eisai, laboratoire pharmaceutique japonais.
(2) Votée en avril 2005, la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, qui porte le nom du député UMP des Alpes-Maritimes Jean Leonetti, instaure un droit au “laisser mourir”, sans toutefois dépénaliser l’euthanasie.
(3) Rapport rendu le 2 décembre 2010.